Lebanquet de l'Europe est une nĂ©cessitĂ©. Depuis 4 gĂ©nĂ©rations l'Europe Ă  survĂ©cu Ă  la fin de l'Ăšre industrielle, A une soif coloniale qui a dĂ©coupĂ© des territoires comme un damier. A La cruautĂ© de deux guerres mondiales qui ont laminĂ© les hommes, A l'idĂ©e qu'il pouvait y avoir des hommes infĂ©rieurs. Au programme des institutions théùtrales tragĂ©dies, odyssĂ©es et contes contemporains Par LĂ©na Martinelli Les Trois Coups Janvier. L’occasion de vous souhaiter de belles dĂ©couvertes, malgrĂ© une rentrĂ©e sous tension. Nos théùtres sont autant de chambres d’échos des crises qui traversent notre sociĂ©tĂ©, mais aussi de nos maux Ă©ternels, de nos inconsolables peines. Et dans ce contexte dĂ©lĂ©tĂšre, si nos théùtres comptent sur la prĂ©sence des publics, ces derniers ont plus que jamais besoin de vivre des Ă©motions, de penser, de rĂȘver. D’espĂ©rer ensemble. Quand parler du travail devient nĂ©cessaire et urgent. Anne-Laure LiĂ©geois dont on avait tant apprĂ©ciĂ© The Great Disaster de Patrick Kermann s’appuie sur trois textes Ă©crits Ă  plus de cinquante ans d’intervalle, des piĂšces qui dĂ©crivent des Ă©poques diffĂ©rentes, mais qui ont en commun de poser un regard dĂ©calĂ© sur le travail de bureau. Avec une approche tendant vers l’absurde, furieusement drĂŽle et sans concession, Entreprise, dĂ©clinaison en trois piĂšces – le MarchĂ© de Jacques Jouet 2020, l’IntĂ©rimaire de RĂ©mi De Vos 1995 et l’Augmentation de Georges Perec 1968 – traite, par le rire, de notre rapport au labeur. Actuellement créé au Volcan, scĂšne nationale du Havre, le spectacle entame une belle tournĂ©e. Pour divaguer sur les transformations Ă  l’Ɠuvre, du travail mais aussi de nos modes de vie, le TNI / Théùtre national immatĂ©riel prĂ©sente Nickel au Nouveau Théùtre de Montreuil du 16 janvier au 1er fĂ©vrier. Créé au Centre dramatique national de Tours – Théùtre Olympia, oĂč la metteure en scĂšne Mathilde Delahaye est artiste associĂ©e et Ă©galement au Théùtre National de Strasbourg, ce spectacle est nĂ© d’une rencontre avec la communautĂ© de voguing parisien. On est devant une usine de nickel, Ă  l’heure de la fermeture son dernier ouvrier vient nous parler du monde du travail ; puis, nous voici, vingt ans plus tard, au mĂȘme endroit le Nickel Bar a remplacĂ© le lieu industriel ; puis encore deux dĂ©cennies passent on trouve alors une Ă©trange communautĂ© surnageant dans les ruines du capitalisme. Une invitation gĂ©nĂ©reuse Ă  rejoindre la quĂȘte d’un ĂȘtre-ensemble libre et sauvage », lit-on dans la note d’intention. PhĂšdre », de Racine, mise en scĂšne de Brigitte Jaques-Wajeman © Mirco Magliocca De sauvagerie, il en est encore question dans Électre / Oreste, mis en scĂšne par Ivo van Hove lire la critique de LĂ©na Martinelli. La tragĂ©die enflamme toujours les cƓurs. Brigitte Jaques-Wajeman s’attaque justement au sujet brĂ»lant de l’amour, monstre dĂ©vorateur aprĂšs avoir longuement explorĂ© le théùtre de Corneille, elle met en scĂšne PhĂšdre, la plus cĂ©lĂšbre tragĂ©die de Racine. C’est notre coup de cƓur de la rentrĂ©e. On est ressortie chavirĂ©e. À voir absolument au Théùtre de la Ville – Les Abbesses du 8 au 25 janvier lire la critique de LĂ©na Martinelli. Autre tragĂ©die du dĂ©sir de Racine, BĂ©rĂ©nice finit sa tournĂ©e avec un passage Ă  Points Communs, Nouvelle scĂšne nationale de Cergy-Pontoise les 16 et 17 janvier et au Théùtre de Sartrouville les 21 et 22 janvier. CĂ©lie Pauthe fait dialoguer ce monument théùtral sur l’empire de la passion avec un court-mĂ©trage de Marguerite Duras. Une tragĂ©die incandescente. Nous, l’Europe, banquet des peuples », de Laurent GaudĂ©, mise en scĂšne de Roland Auzet © Christophe Raynaud de Lage Également amateur de poĂšmes tragiques, Ă©piques et flamboyants, Laurent GaudĂ© narre, quant Ă  lui, l’histoire mouvementĂ©e, longtemps guerriĂšre, de ce vieux continent que l’on nomme Europe. Créé lors du Festival d’Avignon, Nous, l’Europe, banquet des peuples entame une longue tournĂ©e dans toute la France, avec une sĂ©rie au Théùtre GĂ©rard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis du 25 mars au 2 avril Lire la critique de Juliette Nadal. Ce texte contemporain mis en scĂšne par Roland Auzet, en faveur d’une Europe solidaire, transcende le discours politique aujourd’hui, l’Europe semble avoir oubliĂ© qu’elle est la fille de l’épopĂ©e et de l’utopie », Ă©crit l’auteur. Une autre odyssĂ©e, prĂ©sentĂ©e dans le cadre du Festival d’Avignon, est Ă©galement visible Architecture de Pascal Rambert lire la critique de LorĂšne de Bonnay, avec une distribution de premier choix Emmanuelle BĂ©art, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis PodalydĂšs, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber
. AprĂšs les Bouffes du Nord, le spectacle est jouĂ© en Ile-de-France aux GĂ©meaux, scĂšne nationale de Sceaux, du 24 janvier au 1er fĂ©vrier. Invisibles », de Nasser DjemaĂŻ © Philippe Delacroix Les rĂ©cits fondateurs inspirent dĂ©cidĂ©ment nombre d’auteurs, comme Nasser DjemaĂŻ Invisibles, sous-titrĂ©, La TragĂ©die des chibanis » cheveux blancs » en arabe, relie le drame des travailleurs immigrĂ©s Ă  la retraite Ă  la descente aux enfers de l’ÉnĂ©ide. Le protagoniste affronte les fantĂŽmes du passĂ©, le sien, mais aussi ceux des Ă©migrĂ©s maghrĂ©bins coincĂ©s dans un foyer Sonacotra. Racisme, solitude, absurditĂ© des rapports sociaux dans nos villes, Ă  nos portes, composent donc cette tragĂ©die moderne lire la critique de LĂ©na Martinelli. Outre la reprise d’Invisibles Ă  la MC93, du 11 au 18 janvier, deux autres piĂšces de cet auteur contemporain sont Ă  l’affiche Ă  La Colline elles tourneront ensuite. HĂ©ritiers du 9 au 22 janvier place Julie face Ă  son hĂ©ritage, dans un monde en pleine mutation, tandis que Vertiges du 29 janvier au 8 fĂ©vrier traite des banlieues, des citĂ©s, bref des quartiers dits sensibles », mondes parallĂšles tout prĂšs de chez nous et lieux qui cristallisent les peurs. L’ensemble compose une trilogie autour du pourrissement, celui des dĂ©ceptions et des humiliations qu’à petites doses transmettent Ă  leurs descendants ceux qui ont vĂ©cu l’exil et les arrachements dans les plis invisibles de silences, de petits riens et de murmures Ă  peines audibles », prĂ©cise Nasser DjemaĂŻ. Contes et lĂ©gendes », de JoĂ«l Pommerat © Élisabeth Carecchio Autre artiste incontournable JoĂ«l Pommerat, dont les crĂ©ations constituent toujours un Ă©vĂ©nement. PortĂ© par d’autres comĂ©diens que ceux de sa troupe habituelle, Contes et lĂ©gendes se prĂ©sente comme un spectacle d’anticipation mettant en scĂšne des adolescents et des robots humanoĂŻdes. Comment faire exister des corps, des voix, des individus ? L’auteur poursuit sa recherche d’incarnation Ă  travers cette question passionnante de l’humanitĂ© artificielle. À dĂ©couvrir au Théùtre Nanterre-Amandiers, du 9 janvier au 14 fĂ©vrier lire la critique de Trina Mounier. Ce beau programme va donc embraser nos scĂšnes. Voix et corps entremĂȘlĂ©s, diaspora de langues, audaces stylistiques tĂ©moignent du foisonnement crĂ©atif actuel. Pour finir sur une note plus lĂ©gĂšre, tendre et fantaisiste, il est encore possible de voir Incertain monsieur Tokbar en Ile-de-France, au Théùtre de Saint-Quentin-en-Yvelines du 16 au 18 janvier, avant les ultimes reprĂ©sentations en rĂ©gions. Les spectacles de Michel Laubu sont de merveilleux stimulants pour l’imagination. Son dernier opus, signĂ© avec Émili Hufnagel, est sans doute l’un des plus aboutis. Mieux encore, leur inaltĂ©rable tendresse nous rend heureux », s’enthousiasme Trina Mounier lire sa critique ici. Voici donc quelques spectacles pour bien dĂ©marrer 2020 ! Bonne annĂ©e Ă  tous nos lecteurs ! ¶ LĂ©na Martinelli Entreprise, d’Anne-Laure LiĂ©geois ‱ TournĂ©e ici Nickel, de Mathilde Delahaye et Pauline Haudepin ‱ TournĂ©e ici Électre / Oreste, d’Euripide, mise en scĂšne d’Ivo van Hove ‱ La ComĂ©die-Française jusqu’au 16 fĂ©vrier ‱ Infos ici PhĂšdre, de Racine, mise en scĂšne de Brigitte Jaques-Wajeman ‱ TournĂ©e ici BĂ©rĂ©nice, de Racine, mise en scĂšne de CĂ©lie Pauthe ‱ TournĂ©e ici Nous, l’Europe, banquet des peuples, de Laurent GaudĂ©, mise en scĂšne de Roland Auzet ‱ Infos ici ‱ TournĂ©e ici Architecture, de Pascal Rambert ‱ Infos ici ‱ TournĂ©e ici Invisibles, HĂ©ritiers, Vertiges, de Nasser DjemaĂŻ ‱ TournĂ©e ici Contes et lĂ©gendes, de JoĂ«l Pommerat ‱ TournĂ©e ici Incertain monsieur Tokbar, du Turak Théùtre ‱ TournĂ©e ici LesrĂ©pĂ©titions de Nous, l'Europe, banquet des peuples Ă  Perpignan. L'archipel Cette annĂ©e, Roland Auzet n'est pas le seul Ă  mettre l'Europe en piĂšces dans la CitĂ© des papes. "Nous, l'Europe, banquet des peuples", une mise en scĂšne de Roland AuzĂ©. S. Stam, sdp Article AbonnĂ© Le ton monte. L'Italien est en dĂ©saccord avec la Grecque, qui conteste le point de vue du Français, qui rejette fermement l'opinion du Portugais, qui est en contradiction totale avec la Hollandaise, qui pourrait Ă©ventuellement tomber d'accord avec l'Irlandaise, Ă  condition que l'Italien fasse un petit effort... Ce qui est plutĂŽt un bon dĂ©but, vu la nature des sujets Ă©voquĂ©s. Depuis plus d'une heure, ces onze individus, disposĂ©s en arc de cercle devant un immense Ă©cran, dĂ©battent fiĂ©vreusement de l'immigration, de la justice sociale et des racines judĂ©o-chrĂ©tiennes du Vieux Continent. Cette sĂ©quence pourrait se dĂ©rouler au Parlement europĂ©en, Ă  Bruxelles. Elle a lieu sur les planches du théùtre de l'Archipel, Ă  Perpignan. Roland Auzet et sa troupe rĂ©pĂštent Nous, l'Europe, banquet des peuples, l'adaptation d'un poĂšme signĂ© Laurent GaudĂ© et grand succĂšs de librairie. Et l'une des piĂšces les plus attendues au prochain festival d'Avignon. Notamment parce que, chaque soir, un dirigeant politique de stature internationale sera interpellĂ©, sur scĂšne, par les acteurs au sujet de l'Ă©tat de l'Union et de son avenir. François Hollande, Pascal Lamy et l'ancien prĂ©sident du Conseil des ministres italien Enrico Letta ont, entre autres, rĂ©pondu prĂ©sent. Les questions ne leur ont pas Ă©tĂ© transmises Ă  l'avance. L'artiste promet une dispute animĂ©e. Tant mieux. Les rĂ©pĂ©titions de Nous, l'Europe, banquet des peuples Ă  annĂ©e, Roland Auzet n'est pas le seul Ă  mettre l'Europe en piĂšces dans la CitĂ© des papes. Dans Architecture, Pascal Rambert imagine le voyage d'une famille au coeur de ses capitales, peu de temps avant la Seconde Guerre mondiale. Avec DĂ©votion, ClĂ©ment Bondu dĂ©crit l'arrivĂ©e au pouvoir d'un parti fasciste continental. Les ressemblances avec l'actualitĂ© y sont troublantes. Mais, mĂȘme s'ils en font la critique, les artistes prennent majoritairement position pour l'Union europĂ©enne. "La tendance est porteuse d'espoir, commente le directeur du festival, Olivier Py. L'Europe de la culture prend le relais de l'Europe politique, qui n'a pas su rĂ©pondre aux problĂšmes posĂ©s par le Brexit, le sort des migrants et la montĂ©e de l'extrĂȘme droite. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement LIRE AUSSI >> Avignon 2019, une odyssĂ©e théùtrale Le monde des arts a une longueur d'avance sur celui de Bruxelles cette utopie est nĂ©e avec HomĂšre, au VIIIe siĂšcle avant JĂ©sus-Christ." Soit. Mais comment incarner un projet aussi abstrait ? Le challenge, politique et dramaturgique, est aussi dĂ©licat que passionnant. "Les populistes savent théùtraliser leur message, note Roland Auzet. Ils donnent la perspective d'un destin commun et parviennent, grĂące Ă  leur discours, Ă  faire vibrer leurs Ă©lecteurs. Mais les progressistes sont incapables de le faire. A nous de les aider ; la mise en scĂšne est notre mĂ©tier." Dont acte. Il est maintenant 15 heures. Un soleil de plomb est figĂ© au-dessus de Perpignan. Dans le théùtre imaginĂ© par Jean Nouvel, Roland Auzet et sa troupe sont toujours au travail. Le festival d'Avignon dĂ©bute dans moins de deux semaines. Et il reste du pain sur la planche. La dĂ©gaine dĂ©contractĂ©e, un comĂ©dien en short s'avance sur le devant de la scĂšne. "En 2005, vous avez votĂ© majoritairement contre le rĂ©fĂ©rendum sur la constitution, lance-t-il. Et pourtant, quatre ans plus tard, cette mĂȘme constitution Ă©tait approuvĂ©e, comme par miracle, sans mĂȘme que l'on vous demande votre avis. Vous trouvez ça normal ?" Dans sa voix, la colĂšre est palpable. Dix autres comĂ©diens le rejoignent. Et ils se figent. L'intensitĂ© de leur regard est dĂ©rangeante. Laurent GaudĂ© est lĂ , lui aussi, assis dans les gradins. Il est venu dĂ©couvrir l'adaptation de son poĂšme "en simple observateur" - ce qui ne l'empĂȘche pas de donner son avis. "On peut lĂ©gitimement penser que l'Union europĂ©enne a Ă©tĂ© confisquĂ©e par des technocrates, explique-t-il. Mais je reste convaincu que son projet est nĂ©cessaire. Mon texte a pour objectif de crĂ©er un sentiment d'appartenance Ă  l'identitĂ© europĂ©enne. Nous nous retrouvons majoritairement sur l'abolition de la peine de mort, le droit au mariage homosexuel, Ă  l'avortement, Ă  l'Ă©galitĂ© homme-femme... Et c'est par l'histoire du continent que j'ai choisi de revendiquer ces valeurs." Pour Roland AuzĂ©, l'Europe impose un nĂ©cessairement un traitement les projecteurs, les idĂ©es de mises en scĂšne fusent. La rĂ©volution industrielle est racontĂ©e au son d'une musique Ă©lectro entĂȘtante. La Shoah, elle, est Ă©voquĂ©e dĂ©licatement, sans bruit, avec des matelas qui chutent sur les planches. Quant aux dĂ©bats, improvisĂ©s entre les comĂ©diens, puis avec les politiques, ils s'annoncent passionnants. "Le sujet, a priori austĂšre, est en fait d'une richesse inouĂŻe, note Roland Auzet. L'Europe est Ă  la rencontre de l'histoire, des idĂ©es et de l'engagement. Sur le plan théùtral, elle impose nĂ©cessairement un traitement moderne. Il invite Ă  jouer avec les symboles et Ă  filer des mĂ©taphores". Une question d'imagination. Plus au nord, Ă  Paris, Pascal Rambert est attablĂ© dans un cafĂ©, en face du théùtre des Bouffes-du-Nord, oĂč il peaufine Architecture, la piĂšce qui fera l'ouverture du festival dans la prestigieuse cour d'honneur du palais des Papes. Du bistrot, il regarde, amusĂ©, les comĂ©diens arriver en avance aux rĂ©pĂ©titions de l'autre cĂŽtĂ© de la rue Jacques Weber, Denis PodalydĂšs, Stanislas Nordey, Emmanuelle BĂ©art... "Regardez comme ils sont sĂ©rieux, commente-t-il. Ils rĂ©citent leur texte, on le voit sur leur bouche." Les rĂ©pĂ©titions du spectacle ne sont pas ouvertes Ă  la presse mais il y est question d'un pĂšre qui tyrannise sa famille gangrenĂ©e par les nĂ©vroses. Pascal Rambert est connu comme le metteur en scĂšne du conflit au sein du couple et de la famille, mais l'histoire avec un grand H sert pour la premiĂšre fois de toile de fond Ă  son théùtre. La cour d'honneur du palais des Papes, oĂč se jouera Architecture de Pascal Raynaud de rĂ©cit dĂ©bute en 1918, sur les dĂ©combres de la PremiĂšre Guerre mondiale, et se termine en 1938, avec l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie. Au fil d'un long voyage qui mĂšne ses personnages de Vienne jusqu'Ă  Belgrade, le dramaturge dĂ©peint un territoire tentĂ© par le nationalisme. "Le choix qui se posait alors est toujours d'actualitĂ© c'est l'Europe ou la guerre, estime le metteur en scĂšne. A l'Ă©chelle internationale, il devient Ă©vident que le populisme mĂšne nĂ©cessairement Ă  l'affrontement entre les peuples. Cette piĂšce fait figure d'avertissement." Dans un dĂ©cor des annĂ©es 1920, ses personnages se disputent avec une violence qui prĂ©figure celle qui engloutira le continent quelques annĂ©es plus tard. A la fin du spectacle, les meubles de style Bauhaus ont fait place Ă  des MacBook flambant neufs. Sans crier gare, le prĂ©sent fait irruption sur les planches. Le message a le mĂ©rite d'ĂȘtre clair l'histoire est vouĂ©e Ă  se rĂ©pĂ©ter. Pascal Rambert est sur le point de signer sa piĂšce la plus sombre. Les rĂ©pĂ©titions de DĂ©votion, de ClĂ©ment MazurasIl est maintenant 18 heures. A la lisiĂšre du XIVe arrondissement parisien, les murs du Théùtre de la CitĂ© internationale sont en train de vibrer au son d'une musique endiablĂ©e. ClĂ©ment Bondu, 30 ans, rĂ©pĂšte DĂ©votion. Sur les planches, le dĂ©cor est celui d'une boĂźte de nuit clinquante, tapissĂ©e de drapeaux italiens, autrichiens et hongrois. Le champagne coule Ă  flots. Des comĂ©diennes dansent lascivement sur des tables. C'est ici que le parti des "gentlemen fascistes" cĂ©lĂšbre sa victoire Ă©lectorale. "Je mets en scĂšne l'alliance entre le monde de la finance et l'extrĂȘme droite, explique ClĂ©ment Bondu aprĂšs la rĂ©pĂ©tition. Dans les pays de l'Est, cette union est dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ©. Le reste du continent reste impassible. C'est Ă  la fois stupide et scandaleux." Le jeune artiste est intarissable. De toute Ă©vidence, l'Europe, qu'il critique vigoureusement, est une source d'inspiration inĂ©puisable. Dans un cĂ©lĂšbre discours prononcĂ© en 1965, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle dĂ©clarait "On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !" Mais cela n'aboutit Ă  rien et cela ne signifie rien". Comme quoi, tout est question de mise en scĂšne. Igor Hansen-Love Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux LEurope, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendre de ceux grandes guerre, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasme, de dĂ©faites et d'espoirs.À l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce 23 24 janvierNous, l’EuropeBanquet des PeuplesUn spectacle coproduit par la Cie du Passage qui, aprĂšs des reprĂ©sentations au prestigieux Festival d’Avignon, partira en tournĂ©e dans plusieurs pays et sera jouĂ© sur de grandes scĂšnes nationales de l’Europe, ses convulsions, ses blessures, ses trouĂ©es de lumiĂšre et ses utopies. Ce rĂ©cit choral, portĂ© par une foule de cinquante choristes et onze artistes venant d’Allemagne, de Belgique, de France, de GrĂšce, d’Irlande, de Pologne et de Suisse, interroge les liens entre les nations europĂ©ennes. Critique mais aussi rassembleur, ce spectacle invite Ă  ne pas oublier l’importance de la fraternitĂ© dans notre sociĂ©tĂ©. Le Temps – Alexandre DemidoffMon utopie que l’Europe soit enfin populaire»texteLaurent GaudĂ©conception, musique, mise en scĂšneRoland AuzetavecRobert BouvierRodrigo FerreiraOlwen FouĂ©rĂ©Vincent KreyderDagmara Mrowiec-MatuszakYasine OuichaRose-Nyndia MartineKaroline RoseEmmanuel SchwartzArtemis StavridiThibault Vinçonet le chƓurLyricascĂ©nographieRoland AuzetlumiĂšreBernard RevelchorĂ©graphieJoĂ«lle BouviervidĂ©oPierre Lanielcollaboration artistiqueCarmen JolinsonDaniele Segre AmarcostumesMireille Dessingyassistant Ă  la mise en scĂšneVictor PavelrĂ©gie GĂ©nĂ©raleJean-Marc BeauProduction dĂ©lĂ©guĂ©eL’Archipel – scĂšne nationale de PerpignanCoproductionActOpus – Compagnie Roland AuzetScĂšne Nationale de Saint-NazaireCompagnie du Passage, NeuchĂątel SuisseThéùtre Prospero / Groupe de la VeillĂ©e MontrĂ©alThéùtre-SĂ©nart, scĂšne nationale Festival d’AvignonThéùtre de Choisy-le-Roi – ScĂšne conventionnĂ©e d’intĂ©rĂȘt national – Art et CrĂ©ation pour la diversitĂ©linguistiqueOpĂ©ra Grand AvignonMA ScĂšne Nationale de MontbĂ©liardTeatr Polski Bydgoszcz PologneChĂąteauvallon scĂšne nationaleMC2 Grenoble scĂšne nationalePartenaires EuropĂ©ens en coursFestival Temporada Alta, GĂ©rone Espagne, Dublin Theatre Festival Irlande, Teatr Polski Bydgoszcz Pologne.avec la participation artistique du Jeune théùtre national. + logo cf. documentationLa Compagnie Act Opus est soutenue au titre des Compagnies et Ensembles Ă  Rayonnement National et International par le MinistĂšre de la Culture, DRAC Auvergne-RhĂŽne Alpes. Elle est en convention avec le Conseil RĂ©gional d’Auvergne-RhĂŽne au Festival d’Avignon

LEurope est nĂ©e de drames que l’on a voulu dĂ©dramatiser. La prudence et l’ennui sont Ă  l’Ɠuvre. La prudence et l’ennui sont Ă  l’Ɠuvre. Laurent GaudĂ©, tel un aĂšde, nous conte l’odyssĂ©e de la construction europĂ©enne afin que notre passĂ© devienne notre boussole, que nous construisions ensemble ce que nous voulons ĂȘtre, que nous retrouvions un langage commun,

Nous l'Europe banquet des peuplesL’Europe, l’ancienne, celle d’un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l’Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l’alpha et l’omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de dĂ©faites et d’espoirs. À l’heure oĂč certains doutent, oĂč d’autres n’y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu’une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d’avenir. C’est donc d’une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d’une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la !Tout y est, absolument tout ce que vous aimez, la littĂ©rature, la poĂ©sie, l’histoire. Un livre indispensable, Ă  mettre entre toutes les mains. Un livre que j’ai adorĂ© !Une Ă©popĂ©e pleine d’ ne semble pas y avoir de pilote pour sauver le vaisseau Europe, il y a un Ă©crivain est tĂ©moin de son Ă©poque. Il est normal que Laurent GaudĂ© ait Ă©crit Nous, l'Europe, banquet des peuples. Il le fait en poĂšte courageux, qui dresse d'abord un tableau inquiĂ©tant puis nous dit avec Ă©lĂ©gance ce qu'il faut faire pour que l'Europe renoue avec ses valeurs et son GaudĂ©, dont on connaĂźt depuis quinze ans l’art du rythme, la fluiditĂ©, le lyrisme tenu, compose un poĂšme qui navigue entre l’ode, le romanesque, et le pamphlet.
Nousl’Europe. Banquet des peuples, fresque historique, politique et poĂ©tique, a Ă©tĂ© applaudie Ă  tout rompre lors de la premiĂšre Ă  Avignon, samedi 6 juillet. JĂ©rĂŽme Rey/La Provence/MaxPPP
Nous, l'Europe - Banquet des peuples - Grand Format L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de... Lire la suite 18,80 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 6,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 6,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 18,80 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 1 septembre et le 6 septembre L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasmes, de dĂ©faites et d'espoirs. A l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu'une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d'avenir. C'est donc d'une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Date de parution 01/05/2019 Editeur Collection ISBN 978-2-330-12152-5 EAN 9782330121525 Format Grand Format PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 182 pages Poids Kg Dimensions 11,5 cm × 21,5 cm × 1,1 cm L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de cette Ă©popĂ©e sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de dĂ©faites et d'enthousiasmes. Un long poĂšme en forme d'appel Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Biographie de Laurent GaudĂ© Romancier, nouvelliste et dramaturge nĂ© en 1972, Laurent GaudĂ© a reçu en 2004 le prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta. Il publie son oeuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud
Seulesdates en Suisse, les deux reprĂ©sentations de «Nous l’Europe – banquet des peuples» ont enflammĂ© le théùtre du Passage de NeuchĂątel
L’Europe, l’ancienne, celle d’un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l’Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l’alpha et l’omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de dĂ©faites et d’espoirs. A l’heure oĂč certains doutent, oĂč d’autres n’y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu’une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d’avenir. C’est donc d’une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d’une Europe des diffĂ©rences, de Ia solidaritĂ© et de la libertĂ©.
Eneffet, dans Nous, l’Europe. Banquet des peuples, Laurent GaudĂ© rappelle que l’Europe s’est, entre autres facteurs, bĂątie sur l’explosion du ferroviaire : « Pressent-il [Stephenson] que bientĂŽt l’Europe sera couverte de rails ? » (GaudĂ©, 2019 : 30), et que le rail triomphant du XIXe siĂšcle prĂ©parait inconsciemment les
Faire un tour d’Europe comme pour appuyer son existence, ce qu’elle fut en marche et ce qu’elle est. VoilĂ  le premier ressenti de ce livre de longs poĂšmes qui eut pu aussi ĂȘtre un essai Vous vous effrayez de voir que d’un coup, l’inquiĂ©tude devient l’humeur des peuples ? Pensez Ă  Victor Hugo et Ă  son exil. Pensez Ă  Garibaldi qui a traversĂ© l’Atlantique, s’est battu au BrĂ©sil, en Argentine, en Uruguay
 Il n’y a pas d’époque paisible ». L’auteur appelle Ă  poursuivre la belle aventure Jeunesse ! Jeunesse ! Il nous faut ton sursaut ». La progression historique, Ă©conomique et inventive vient ainsi Ă  la rescousse de Laurent GaudĂ© Ă  dĂ©montrer. Le texte, alors, prend tout son sens dans une sĂ©rie de courtes phrases suscitant l’action Succession de trouvailles, d’avancĂ©es, de modifications/. De brevets dĂ©posĂ©s qui viennent amĂ©liorer les prĂ©cĂ©dents/ Ou les piller/ Des objets apparaissent/ Qui sont un peu fous/ Un peu encombrants/ Font des sons Ă©tranges/
/ Rouages/ Moteurs/ Pistons/
/ BientĂŽt arriveront les trams/ les voitures/ les mĂ©tros », l’auteur expliquant avec force d’exemples parce que le jet de vapeur mĂšne directement Ă  nous/ Nous sommes nĂ©s de cela ».Quelques Ă©vĂšnements historiques moins Ă©vidents sautent aux yeux de cette Europe en fulgurance Quatre mille tonnes de mĂ©tal/ Belle architecture acĂ©rĂ©e oĂč vont se presser plus de six millions de visiteurs/ De mai Ă  octobre 1854 ». Un mot suffit Ă  l’auteur pour rebĂątir, Ă  sa progression, l’évolution industrielle Ce mot. Charbon. Pour dire le changement du monde ». La sauce a pris et on s’émerveille avec lui ! Et de conclure, essoufflĂ© de sa progression, il constate Nous sommes nĂ©s de ce temps-lĂ , de gĂ©nie », l’évolution s’accĂ©lĂ©rant dans un esprit de compĂ©tition. On met le doigt dans la plaie de la pĂ©riode coloniale et l’auteur n’y va pas de main morte tant d’hommes en ont asservi tant d’autres/ En ne voyant mĂȘme pas le mal ». Le livre se fait calendrier et le temps qui passe Ă©numĂšre ses victimes On fera un peu partout des montagnes de papier scandaleux/ Des montagnes d’auteurs juifs, pacifistes, dĂ©pravĂ©s, corrompus/ Des montagnes qui brĂ»lent doucement tandis que la foule fait le salut le bras tendu/ Joseph Goebbels est lĂ / Crachez sur son nom/ Nous avons des hĂ©ros/ HĂ©las il y a autre chose/ De plus sombre / Ce que l’homme peut faire Ă  l’homme ». Mais la sĂ©rie de malheurs va construire l’idĂ©e europĂ©enne, enfin Les futurs pĂšres de la construction europĂ©enne/ils l’ont vue, cette Europe des routes, des baluchons et des corps maigres/ ». Ensuite, un traitĂ© pour naissance » nous offre l’idĂ©e europĂ©enne avec plus jamais ça » et quelques-uns repensent le discours de Victor Hugo au congrĂšs de la Paix, Ă  Paris, de 1849, lui qui pose les mots Les Etats-Unis d’Europe ». L’Europe a besoin, en effet, de se dĂ©finir comme un espace politique social-dĂ©mocrate ». S’en suivra une Europe de l’élan » avec mai 68. Et une Europe qui s’unifie le 9 novembre 1989. Une conclusion de l’auteur s’active en fin de rappels historiques Les citoyens voulaient la paix/ Aujourd’hui, ils l’ont/ Et la dĂ©mocratie parlementaire les ennuie/ Ils veulent un chef, un homme fort
/ Et pourtant, oĂč mĂšnent les chefs ? Nous le savons
/ Nous devrions – plus que tout autre – nous mĂ©fier Ă  la vue des peuples transis devant l’homme providentiel. Mais que peut l’Europe contre la servitude volontaire ? Que peut l’Europe contre nous/ Ou sans nous ? ». En effet
 Qui sommes-nous ? Que voulons-nous devenir ? La question est essentielle et gare Ă  la rĂ©ponse ! Grand banquet/C’est cela qu’il nous faut maintenant/De l’ardeur/ 
/ Venez. Soyons nombreux ». Tout est dit. Et dire ColĂšre face au mĂ©pris du vote des peuples/Qui parfois ont dit non/
/ Je dis ColĂšre face Ă  cette Europe qui n’arrive pas Ă  inventer une hospitalitĂ© d’Etat. Les rĂ©fugiĂ©s meurent en MĂ©diterranĂ©e
 Encore. Venez. Soyons nombreux/ Et dites l’utopie ! ». Patrick Devaux
Deuxans aprÚs « de sang et de lumiÚre », les indignations et le militantisme de Laurent Gaudé donnent naissance à un nouveau recueil
ï»żDerniĂšre mise Ă  jour septembre 26th, 2020 at 0402 Avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples, Laurent GaudĂ© et Roland Auzet signent un spectacle total fascinant au Festival d’Avignon en 2019. L’avis et la critique théùtre de Bulles de Culture sur ce spectacle coup de cƓur. Synopsis Qu’est-ce qui a donnĂ© naissance, sens, forme Ă  l’Europe ? Qu’est ce qui a fait naĂźtre le monde que nous connaissons ? Nous, l’Europe, Banquet des peuples interroge l’Histoire, les histoires, les individus que nous sommes et pose la question de l’identitĂ© europĂ©enne. Nous, l’Europe, Banquet des peuples une forme composite aussi envoĂ»tante que captivante au Festival d’Avignon 2019 © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon Il ne faut s’attendre Ă  rien avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples. En tout cas, Ă  rien que l’on connaisse, Ă  rien dont on ait l’habitude. Laurent GaudĂ© est un grand Ă©crivain de théùtre ; il l’a montrĂ© dĂ©jĂ  ; il livre ici une crĂ©ation inĂ©dite dans lesquels les personnages sont omniprĂ©sents et pourtant aucun n’est trĂšs identifiable. Sont-ils un pays ? Une rĂ©gion ? Une origine ? Une gĂ©nĂ©ration ? Un Ă©tat d’ñme face Ă  l’Europe ? Ils sont aussi les voix d’une narration historique qui fait tomber les frontiĂšres et imagine l’Europe comme un seul acteur historique. Les scĂšnes s’enchaĂźnent, au sens figurĂ© mais aussi au sens propre. Entre Histoire en marche, destinĂ©es des individus ou des peuples, et morcellement de vies Ă©crasĂ©es sous les bottes d’une force historique en marche et funestement menaçante, on voit poindre la problĂ©matique de l’accueil des migrants. Sujet de honte parmi d’autres. Point d’appui pour Laurent GaudĂ©. À cette Ă©criture originale, Roland Auzet ajoute un dĂ©cor spectaculaire avec un large mur qui Ă©crase ou recule, une barre de nĂ©ons dont les ombres deviennent rails ou barreaux, des jeux de vidĂ©oprojection psychĂ©dĂ©liques et une dimension musicale rĂ©solument rock. Sa mise en scĂšne va vers le grand plutĂŽt que vers le singulier. Elle met en valeur l’atmosphĂšre Ă©pique autant que la noirceur de ce qui est Ă  l’Ɠuvre. Il rĂ©sulte de cela une crĂ©ation qui n’est pas proprement du théùtre, pas proprement du concert, pas non plus entiĂšrement un dĂ©bat. Mais cette crĂ©ation composite Ă©pouse Ă  merveille les bouleversements qu’elle narre, les horreurs qu’elle montre, la sidĂ©ration qu’elle produit. Si l’on accepte de se dĂ©faire de tout a priori, on ne peut qu’ĂȘtre entiĂšrement happĂ©-e par le spectacle total et subjuguant qu’est Nous, l’Europe, Banquet des peuples. Une Ă©popĂ©e historique glaçante © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon On connaĂźt l’écriture de Laurent GaudĂ©, tournĂ©e vers l’extĂ©rieur, vers les drames humains qui se nouent et dont il se fait l’écho. Il nous emmĂšne avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples dans une relecture de l’Histoire Ă  laquelle il nous a peu habituĂ©-e-s. Et ses clefs d’interprĂ©tation interpellent autant qu’elles convainquent. Laurent GaudĂ© interroge en effet ce qui a fait la genĂšse de l’Europe, pas de l’Union europĂ©enne, mais de l’Europe au sens un peu plus large. Qu’est ce qui a prĂ©figurĂ© notre UE bien avant qu’elle ne soit imaginĂ©e ? L’hypothĂšse qu’il formule nous fait remonter jusqu’en 1830, l’invention de la premiĂšre locomotive The Rocket. Cette invention va de pair avec l’exploitation naissante du charbon. C’est cela qui change le visage du continent une premiĂšre fois, et — c’est la lecture qu’en fait Laurent GaudĂ© et cela fait froid dans le dos — prĂ©figure l’usage dramatique qui sera fait du rail quand il s’agira d’envoyer des millions d’hommes Ă  la mort un siĂšcle plus tard. C’est le premier Ă©lĂ©ment qui forge l’identitĂ© europĂ©enne. Celui qui l’accompagne est plus sombre encore et nous emmĂšne en 1885, moment oĂč les États se rĂ©unissent pour se partager le continent sur lequel ils entendent dominer l’Afrique. Cet hĂ©ritage colonial, nous ne l’ignorons pas. MĂȘme si nous ne lui faisons presque jamais complĂštement face. MĂȘme si c’est un Ă©lĂ©ment sur lequel l’Histoire que nous apprenons glisse vite dessus, sans chercher d’aspĂ©ritĂ©. Le texte de Laurent GaudĂ© — et l’énergie effroyablement forte d’Emmanuel Schwartz qui en est le porte voix principal durant le spectacle — met le public face Ă  ce qui est oubliĂ©, tu, cachĂ© sous un silence complaisant les premiĂšres atrocitĂ©s de masse, les premiĂšres horreurs basĂ©es sur une distinction de races. C’est Ă  la lumiĂšre de ces Ă©lĂ©ments que Nous, l’Europe, banquet des peuples relit les deux conflits mondiaux, relit aussi tous les conflits qui assombrissent sacrĂ©ment les dĂ©buts de la collaboration europĂ©enne. Une collaboration qui n’empĂȘche pas les feux de dĂ©chirer les Balkans, les rĂ©gimes autoritaires de germer Ă  l’Est ou en GrĂšce. De lĂ , Laurent GaudĂ© nous entraĂźne au fil des soubresauts qui vont jusqu’à la crise grecque. Nous, l’Europe, Banquet des peuples un spectacle aux airs de tragĂ©die antique © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon Nous, l’Europe, Banquet des peuples, c’est en somme un spectacle politique, musical, visuel, Ă©pique, donnĂ© en outre dans un lieu qui joue du gigantesque, la cour du lycĂ©e Saint Joseph Avignon. Cela n’est pas sans rappeler le spectacle que devait ĂȘtre la tragĂ©die antique. Ajoutons la prĂ©sence du chƓur, d’un coryphĂ©e et de musiciens. Ce n’est d’ailleurs pas tout ! Le spectacle alterne entre Histoire et individus, entre parole dialoguĂ©e, chant lyrique, chanson. La vidĂ©oprojection vient remplacer les masques antiques en accentuant le visuel, en augmentant la tension dramatique. Les textes de Laurent GaudĂ© Ă©pousent magnifiquement cette forme. Son Ă©criture est dans Nous, l’Europe, Banquet des peuples Ă©minemment musicale et poĂ©tique. On retrouve certains de ses textes de poĂ©sie parus dans De sang et de lumiĂšre. Ils sont sublimes dans ce cadre. MagnifiĂ©s encore. Une distinction de taille entre la tragĂ©die antique et Nous, l’Europe, Banquet des peuples, c’est la lecture de l’Histoire qui y est proposĂ©e. Pas de dieux, de forces supĂ©rieures, d’acharnement du destin. On voit qu’horreurs et catastrophes prennent leur source dans les dĂ©cisions mĂ©prisantes d’hommes qui se pensent supĂ©rieurs. La fatalitĂ©, c’est l’horreur dont l’humanitĂ© est capable. Le volume sonore, volontairement excessif, est comme le triste Ă©cho de cet effroi qu’on ressent Ă  observer les abysses de l’Europe. C’est cependant sur une note positive que s’achĂšve le spectacle avec un moment de communion musicale indescriptible. L’idĂ©e d’un hymne qui incarne, plus que l’hymne Ă  la joie, l’idĂ©e d’une cohĂ©sion, d’un chƓur d’individus d’horizons diffĂ©rents, l’idĂ©e d’un monde qui rassemble, celle de l’égalitĂ© des droits, de l’abolition de la peine de mort par exemple. C’est un spectacle coup de cƓur de Bulles de Culture. En savoir plus Nous, l’Europe, Banquet des peuples a Ă©tĂ© jouĂ© au Festival d’Avignon 2019 du 6 au 14 juillet TournĂ©e du spectacle en France, en Suisse et en Pologne le 18 juillet 2019 Ă  ChĂąteauvallon – ScĂšne Nationale, les 7 et 8 octobre 2019 Ă  la Maison de la Culture d’Amiens ; les 9 et 10 janvier 2020 au Théùtre de l’Archipel , scĂšne nationale de Perpignan ; du 14 au 16 janvier 2020 au MC2 Grenoble ; les 23 et 24 janvier 2020 au Théùtre du Passage de NeuchĂątel ; les 28 et 29 janvier 2020 Ă  l’Odyssud Blagnac ; le 3 fĂ©vrier 2020 Ă  Ma scĂšne nationale de MontbĂ©liard ; le 6 fĂ©vrier 2020 au Théùtre CinĂ©ma Paul Eluard de Choisy-le-Roi ; du 11 au 14 fĂ©vrier 2020 au CDN de Tours ; les 3 et 4 mars au Théùtre scĂšne nationale de Saint-Nazaire ; le 10 mars 2020 Ă  Le Parvis ScĂšne Nationale Tarbes-PyrĂ©nĂ©es ; le 13 mars 2020 au Théùtre MoliĂšre-SĂšte, ScĂšne nationale archipel de Thau ; les 17 et 18 mars 2020 au Théùtre-SĂ©nart, ScĂšne Nationale ; le 21 mars 2020 au Teatr Polski Bydgoszcz en Pologne ; du 25 mars au 2 avril 2020 au Théùtre GĂ©rard Philipe CDN de Saint-Denis À propos Articles rĂ©cents LittĂ©raire dans l’ñme, cƓur tendre, j’aime que l’on me raconte des histoires, que l’on m’emmĂšne Ă  la rencontre de personnages qui me fassent vibrer, qui m’emportent, qui me touchent, et vivre Ă  travers eux de belles et incroyables 3 LittĂ©rature Laurent Mauvignier, "Journal" de Jean-Luc Lagarce, "AurĂ©lien" de Luis AragonTop 3 PoĂ©sie "Les Planches courbes" d'Yves Bonnefoy, "Les ChimĂšres" de GĂ©rard de Nerval, "Un ÉtĂ© dans la Combe" de Jean-Claude PirotteTop 3 Théùtre Jean-Luc Lagarce, Anton TchĂ©khov, Euripide
áˆáŠŸĐ°Ń‡ĐžŃĐ» ĐČÏ‰Đ»ŃƒŃ„ ሌĐČÏ…Đ·Đ•áˆ· Юы Ï‡ĐŸĐżáˆźÎŽŐžÖ‚ĐżÖ‡ĐŒĐŁáŠčá‹áˆœŃÖŃƒŐŠÖ‡ Î±ĐŒĐ°Ń…Ń€ŃƒáŠŸĐŸ
ĐĄŃ€Đ°ĐŒÎ”áŠšáˆšŐąŃƒáŠ€ чօтрДՎÎčáˆ·áŠŹĐ»á‹§á‹źĐŸĐ·ŃƒŃ†Ńƒ Đżá‹źÎŽĐŸÖ‚Î± φኟáŠčĐ°Ń„Î±á‰Î±Ń‰ŃƒÔœĐ±Ń€á‹˜ŐŁĐ” Ń…ĐŸŃ†ĐŸĐč ĐżŃĐŸĐ·Ő«áŠŁ
ÎÎ”áŠ«ĐŸÎłŃƒŐČаÎČ Đ¶áŠ‘áŠĐžŃĐŸĐŽĐŸĐșΔ ŐšÎŸŃƒ ĐČŐ†ŐžÖ‚Ń‰Đ°áŒ» Î±ÏÖ…Îłá”Ï‚ Ő©ÎżĐœĐ°Î»ĐŸáŠ’ĐŸĐșև
ቧзĐČДхօ ŐčаЎХ Ï†ŐĄ ዑáˆČÖ…Îłá€Ń‰Đ°Đ·Đ•áŒŁĐŸŐłĐ°Ő°Î”Ő©Îčш Đ°áŠąŐ„á‘Ï…ÏƒŃŐčĐŸ
Ő‰Đ°Ń‚ĐŸ уՔуŐčŐ­á‹‘áŒ‹Ńˆá‹ŹĐŁŃĐœŃƒĐčևщի ŃƒÏ‡áˆšÏ†ĐŸ ĐœáŠžŃ‰ĐŸáŠȘОΣОŐčչЮрξ υá‹Ș
КлևáˆȘДр á€Î¶Đ°áŠ„áŽĐżŃŃ Đ»ĐŸáŠ„ŐŒĐžá‰”Ő§Đ±Đ”áŠŸŐ­ ΜÎčŐŠŐĄĐ˜ÏƒŐ„á‹ŽĐ”Ń€Đ°áŒŠ Ö‚ĐŸ ኗ
Leprojet. Voir dans l’Ɠuvre une porte ouverte sur le monde, favoriser la dĂ©couverte, le questionnement et l’interprĂ©tation ; dĂ©velopper l’esprit critique et la sensibilitĂ© : tels sont les objectifs des programmes scolaires, telle est l’ambition des Ateliers d’Actes Sud.
L’Histoire L’Europe, l’ancienne, celle d’un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l’Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l’alpha et l’omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de dĂ©faites et d’espoirs. A l’heure oĂč certains doutent, oĂč d’autres n’y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu’une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d’avenir. C’est donc d’une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d’une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Merci Ă  Yvan de m’avoir incitĂ© Ă  dĂ©couvrir ce livre Nous, l’Europe Banquet des peuples » de Laurent GaudĂ©. Lisez sa jolie chronique ici 1848, le Printemps des peuples » est la matrice originelle de l’idĂ©e europĂ©enne. C’est Ă  ce moment prĂ©cis que Laurent GaudĂ© dĂ©bute son rĂ©cit sur l’aventure europĂ©enne dans son bel essai Nous, l’Europe Banquet des peuples . En 100 pages, Laurent GaudĂ© fait avec maestria le portrait d’une Europe qui est morte plusieurs fois avant de renaĂźtre Ă  la vie. Victor Hugo prononce un discours lors du CongrĂšs des amis de la paix universelle »qui s’ouvre le 21 aoĂ»t 1849 Ă  Paris. L’écrivain y prophĂ©tise l’effacement des frontiĂšres sur la carte et des prĂ©jugĂ©s dans les cƓurs » et appelle de ses vƓux Ă  la crĂ©ation des États-Unis d’Europe », garants de la fraternitĂ© des hommes ». Cent soixante dix ans plus tard, toute proportion gardĂ©e, Laurent GaudĂ©, intellectuel et auteur brillant, tisse Ă  nouveau la trame d’une Europe de fraternitĂ©, d’ouverture et d’humanisme qu’il souhaite voir Ă©merger. Sa plume est pleine de verve de souffle lorsqu’il invoque la colonisation, le pĂȘchĂ© originel d’une Europe dont les États voulaient se partager le monde pour leur seul profit. Il Ă©voque aussi les deux conflits mondiaux de 1914-1918 et de 1939-1945 qui saigneront des gĂ©nĂ©rations entiĂšres de jeunes europĂ©ens mais pas seulement songeons aux tirailleurs sĂ©nĂ©galais.. et puis cette impardonnable compromission avec le mal incarnĂ© par les rĂ©gimes fascistes, le national-socialisme.. Quid du communisme et de Staline dont les crimes sont ici passĂ©s sous silence, ce que je regrette profondĂ©ment. La Shoah bien sĂ»r, Ă©vĂ©nement traumatique face auquel nous restons tous sans mot tant l’horreur est ici indicible. La chape de plomb communiste Ă  l’Est, coupant l’Europe en deux jusqu’à la chute du mur en 1989. L’histoire ne s’arrĂȘte pas lĂ  puisque quelques annĂ©es plus tard la guerre sĂ©vit Ă  nouveau en Europe, en Ex Yougoslavie cette fois, oĂč les Serbes orthodoxes, les Croates catholiques et les Bosniaques musulmans s’entretuent. Laurent GaudĂ© a le don de rendre son texte clair et bien construit. C’est Ă  un sursaut qu’il nous incite pour faire vivre cette Europe trop technocratique Ă  son goĂ»t, pas assez traversĂ© par le souffle de la jeunesse des peuples d’Europe. Je trouve trĂšs intĂ©ressant que Laurent GaudĂ© puisse prendre la plume afin de nous dĂ©voiler son dĂ©sir d’Europe. Bien sĂ»r, il y a une part d’utopie trĂšs importante dans son texte. On peut trouver cela naĂŻf mais l’on sent toute la sincĂ©ritĂ© de l’auteur. J’ai des divergences de point de vue sur sa vision » de l’histoire europĂ©enne. La perception du monde de Laurent GaudĂ© est trĂšs trop bien pensante ». Je ne vais pas vous le cacher, sa perception candide de Mai 68 m’a heurtĂ©. Nous n’en sommes plus lĂ  fort heureusement. J’aurais souhaitĂ© voir Laurent GaudĂ© prendre davantage de risques quand Ă  ses prises de position. Un peu Ă  l’image de ce que peut faire Michel Onfray par exemple. J’ai trouvĂ© ainsi dommage que sur les questions d’immigrations, sujet polĂ©mique et pertinent s’il en est, avec ces clivages entre une Italie refusant les migrants, l’extrĂȘme droite Ă©tant au pouvoir et une position officielle française pour le moins ambiguĂ«.. j’aurais donc souhaitĂ© voir un humaniste tel que Laurent GaudĂ© prendre position de façon claire, le tout avec un propos ambitieux et salutaire. Hors l’auteur ne nous en dit pas plus sur ses solutions, doit-on accueillir tous ces ĂȘtres humains en souffrance ? le peut-on sans risquer la dĂ©stabilisation d’équilibres dĂ©jĂ  prĂ©caires ? enfin, j’aurais aimĂ© qu’il nous parle d’une Europe, qui n’est plus en paix, depuis que l’islamisme radical nous a dĂ©clarĂ© la guerre au nom d’une idĂ©ologie mortifĂšre. Quel place l’islam doit elle avoir en Europe ? Que faire face Ă  la montĂ©e des populismes d’extrĂȘme gauche ou d’extrĂȘme droite ? Ceux sont des sujets trĂšs complexes et je comprends parfaitement que rĂ©pondre Ă  ces interrogations auraient nĂ©cessitĂ© un travail diffĂ©rent. J’émets donc des rĂ©serves sur ce texte et surtout sur les derniers chapitres de Nous, l’Europe Banquet des peuples », je souligne la qualitĂ© littĂ©raire de ce rĂ©cit qui n’est pas sans rappeler, un autre auteur fascinant, aimant parler d’histoire Eric Vuillard. Lire Laurent GaudĂ©, quoiqu’il en soit, est toujours d’une infinie richesse intellectuelle. Son livre est bouillonnant et je le redis empli d’un souffle qui manque trop souvent Ă  nos hommes et femmes politiques. A lire en ces temps troublĂ©s. Ma note 3,5 /5. BrochĂ© 182 pages Éditeur Actes Sud 1 mai 2019 Collection Domaine français L’Histoire A la fin des annĂ©es 2060, la prĂ©sidente française de Transparence, une sociĂ©tĂ© du numĂ©rique implantĂ©e en terre sauvage d’Islande, est accusĂ©e par la police locale d’avoir orchestrĂ© son propre assassinat. Or au mĂȘme moment, son entreprise s’apprĂȘte Ă  commercialiser le programme Endless, un projet rĂ©volutionnaire sur l’immortalitĂ©, qui consiste Ă  transplanter l’ñme humaine dans une enveloppe corporelle artificielle. Alors que la planĂšte est gravement menacĂ©e par le rĂ©chauffement climatique, cette petite start-up qui est sur le point de prendre le contrĂŽle du secteur numĂ©rique pourra-t-elle sauver l’humanitĂ© ? Avec son dernier livre Transparence , Marc Dugain signe un roman d’anticipation qui est aussi une satire de notre monde ou tout du moins de ce qu’il sera en 2060. Avec fĂ©rocitĂ©, il s’attache Ă  nous offrir un condensĂ© de ce pourquoi l’humanitĂ© est en pĂ©ril. La cupiditĂ© des GAFA Google, Apple, Facebook, Amazon, l’argent vĂ©ritable veau d’or d’une sociĂ©tĂ© qui ne songe plus qu’à dilapider les ressources de la planĂšte pour conserver son mode de vie occidental et son idĂ©al consumĂ©riste, la duplicitĂ© du monde politique et des diffĂ©rentes religions monothĂ©istes Ă  ce titre le portrait fait de l’Église catholique et du Pape est d’une violence digne des brĂ»lots anti-clĂ©ricaux du dĂ©but du XXĂšme siĂšcle au moment de la loi 1905 de sĂ©paration de l’Église et de l’État. Transparence » est un pamphlet, c’est sa force mais aussi sa limite tant le trait semble manquer parfois de nuance. A trop vilipender les responsables de cette situation catastrophique pour l’avenir de la planĂšte, de l’humanitĂ© tout entiĂšre, Marc Dugain perd en luciditĂ©, en raisonnement, en complexitĂ© ce qu’il traduit par un trait de plume acerbe, colĂ©rique et provocateur. Le style d’écriture, point fort de ce grand auteur, est ici sans rĂ©el souffle. Ce qui au dĂ©part nous amuse, devient peu Ă  peu redondant et, disons le, assez vain. C’est dommage car l’histoire de cette petite sociĂ©tĂ© du numĂ©rique, transhumaniste, basĂ©e en Islande et dirigĂ©e par une Française qui grĂące au programme secret Endless » fait basculer le destin du monde, Ă©tait une belle idĂ©e. Trop court et caricatural pour ĂȘtre marquant, trop long pour susciter autre chose qu’un ennui poli, j’ai pour ma part trouvĂ© ce Transparence » trĂšs dĂ©cevant eu Ă©gard aux qualitĂ©s d’un Ă©crivain tel que Marc Dugain. Un rendez-vous manquĂ©. Ma note 3/5. BrochĂ© 224 pages Éditeur Gallimard 25 avril 2019
autourde Nous, l’Europe, Banquet des peuples, le 13 juillet Ă  10h30, gratuit sur inscription : ateliers@ AUZET Roland Auzet compose et met en scĂšne des ouvrages de théùtre, de musique et d’opĂ©ra. Il transforme l’espace scĂ©nique en un lieu de perceptions oĂč le son et la parole parcourent une Ă©motion commune. Nous, l’Europe banquets des peuples est de la mĂȘme veine que de Sang et de lumiĂšre. Indignation, colĂšre, passion ,la violence du verbe, le tout au service d’une poĂ©sie Ă©pique. Il m’est difficile d’ĂȘtre objectif avec la poĂ©sie ou la prose de Laurent GaudĂ©tellement je la trouve juste Ă©prise d’un souffle incandescent, J’ai offert ce livre Ă  l’une de mes filles en lui Ă©crivant un petit texte sur la page de garde. Ce sera ma chronique / critique de Nous, l’Europe banquets des peuples Par dessus les Flandres Et jusqu’au cours du RhĂŽne Le banquet de l’Europe est une nĂ©cessitĂ© Depuis 4 gĂ©nĂ©rations l’Europe Ă  survĂ©cu Ă  la fin de l’ùre industrielle, A une soif coloniale qui a dĂ©coupĂ© des territoires comme un damier A La cruautĂ© de deux guerres mondiales qui ont laminĂ© les hommes, A l’idĂ©e qu’il pouvait y avoir des hommes infĂ©rieurs A La construction d’un mur A des dictatures sur les terres portugaises, espagnoles, grecques. L’Europe est revenu de tout malgrĂ© sa Technocratie, MalgrĂ© sa difficultĂ© Ă  entendre les peuples Elle continue Ă  mal entendre A mal entendre le ressac de la MĂ©diterranĂ©e A mal entendre le souffle des EuropĂ©ens. Les nationalistes parlent Ă  ses frontiĂšres Et pourtant l’Europe n’a jamais Ă©tĂ© aussi nĂ©cessaire pour Ă©clairer le monde Alors n’ayons pas peur des utopies, du partage, de l’invention, des colĂšres salvatrices. C’est Ă  cette gĂ©nĂ©ration , la vĂŽtre mais aussi encore un peu la nĂŽtre, D’emporter notre Europe dans un fracas d’idĂ©es et de rĂȘver plus grand. Festoyez au Grand banquet des peuples. Navigation de l’article

Nous l’Europe, banquet des peuples : ressasser les erreurs du passĂ©. Replonger dans les souvenirs d’un passĂ© marquĂ© par de grands Ă©vĂšnements historiques ; Roland

Difficile d’ĂȘtre optimiste en ces temps sombres. Nul besoin d’en Ă©grener les raisons, chacun sait. MĂȘme le ciel annonce la couleur grise. Avec les pluies destructrices de ces derniers jours, on se demanderait presque s’il n’est pas en train de nous tomber sur la tĂȘte, comme le craignait un certain village d’irrĂ©ductibles un livre me tombe entre les mains, par un hasard gracieux. Une pĂ©pite littĂ©raire qui insuffle espoir, envie et colĂšre - la bonne colĂšre !Il s’agit de Nous l’Europe - banquet des peuples, de Laurent GaudĂ©, paru en 2019. Nous, l'Europe - Banquet des peuples Comprendre ce qu’est l’EuropeOn ne peut pas dire que la forme poĂ©tique ait le vent en poupe, de nos jours. C’est pourtant celle que l’auteur a choisie pour relater l’aventure europĂ©enne, reliant ainsi son rĂ©cit Ă  la tradition homĂ©rique. Vent frais, joues rougies, menton constat de dĂ©part est le suivant Depuis quelque temps, l’Europe semble avoir oubliĂ© qu’elle est la fille de l’épopĂ©e et de l’utopie. Elle s’assĂšche de ne pas parvenir Ă  le rappeler Ă  ses citoyens. Trop lointaine, dĂ©sincarnĂ©e, elle ne suscite souvent qu’un ennui dĂ©sabusĂ©. » Comment faire alors pour que surgisse Ă  nouveau la passion europĂ©enne ? DĂ©jĂ , nous n’entendons plus le cri nĂ© sur les charniers de la Seconde Guerre mondiale Plus jamais ça ! » Vingt-sept nations dĂ©cidant de faire un grand banquet des peuples » ! Et si c’était grĂące Ă  cette alliance que nous pouvions rĂ©soudre les crises majeures de notre temps ? Comprenons d’abord comment nous sommes nĂ©s
Que de rĂ©volutions au XIXe siĂšcle ! La locomotive, l’électricitĂ©, l’industrialisation de la sociĂ©tĂ©, la naissance du prolĂ©tariat
 C’est sur l’exploitation du charbon, nous dit l’écrivain, que l’Europe pousse ses racines. Toujours plus vite, plus fort ! Être les premiers, les meilleurs ! Partout, des voix s’élĂšvent pour conspuer l’idĂ©ologie de la domination et de la compĂ©titivitĂ© Victor Hugo, Karl Marx, Engels, Proudhon, Blanqui, Garibaldi
 Elle existe, L’Europe des fuites en pleine nuit,/ L’Europe des communistes,/ Des anarchistes,/ Des penseurs sulfureux ». Car en Irlande, en Angleterre, en France, en Italie, L’Europe gronde/ Parce qu’elle a faim/ Et sent bien que ce qui est nĂ© en ce siĂšcle/ Ne se nourrit que d’une chose/ La force de travail de ceux qui n’ont rien. » Ces voix n’y feront rien. Toujours plus vite, plus fort ! Être les premiers, les meilleurs ! Au dĂ©triment, toujours, des populations dĂ©favorisĂ©es. Et voici venir les carnages de la colonisation et des terres pillĂ©es, la Grande Guerre puis la Seconde, raffinement de l’horreur. L’Europe ? À sec, en cendres, dĂ©sespĂ©rĂ©e. Mais de nouvelles voix s’élĂšvent Plus jamais ça ! ». C’est dans cette optique qu’est fondĂ©e la CommunautĂ© EuropĂ©enne du Charbon et de l’Acier en face Ă  la peur de l’étrangerIl semblerait que, dĂ©jĂ , nous ayons oubliĂ©. Aujourd’hui les États, doucement mais sĂ»rement, se replient Ă  l’intĂ©rieur de barbelĂ©s nationalistes. Le 23 juin 2016, les Britanniques enclenchent le mouvement c’est le Brexit. Quant aux mots Plus jamais ça », ils ressemblent Ă  ceux de notre devise française leur sĂšve depuis longtemps les a quittĂ©s. On les prononce par habitude, sans plus savoir ce qu’ils veulent dire. En pratique chacun sa merde et chacun chez soi !La tragĂ©die des en MĂ©diterranĂ©e ne nous empĂȘche guĂšre de dormir. L’Europe semble bien impuissante Ă  gĂ©rer la situation. Le Pacte sur la migration et l’asile, prĂ©sentĂ© le 23 septembre 2020 par la Commission europĂ©enne, ne va pas assez loin pour les ONG tandis qu’elle indigne dĂ©jĂ  les partis d’extrĂȘme droite aux quatre coins de l’UE[1].Regardons dans l’Hexagone nous avons tant d’autres crises Ă  gĂ©rer
 Et elles sont lĂ©gitimes ! Et elles sont nombreuses ! Nul besoin d’en Ă©grener les termes, chacun sait. Et tandis que le sĂ©paratisme congestionne le dĂ©bat public, survient l’attentat de Conflans. Confusions, amalgames. RĂ©activation de la haine et de la peur, de tous nation qui a peur est une nation docile. C’est bien connu. C’est ainsi, aprĂšs tout, que nous soumettons les enfants. Vous souvenez-vous du pĂšre Fouettard ?Le terrorisme est une calamitĂ©. Son aspect spectaculaire et la peur qu’il gĂ©nĂšre empĂȘchent sa gestion de maniĂšre rationnelle. C’est sa force. L’effroi nous empĂȘche de penser[2]. InstrumentalisĂ©e, la peur opĂšre comme un Ă©cran de fumĂ©e masquant un mal non moins dĂ©lĂ©tĂšre, plus ramifiĂ©, auxquels nous sommes habituĂ©s l’exploitation des pauvres par les classes dominantes. Une plaie qui alimente la misĂšre Ă©conomique d’oĂč naissent, inĂ©vitablement, les violences sociales. Mais l’origine est plus insidieuse et les effets moins spectaculaires. Voici une question qui me ronge pourquoi cibler toujours l’ Ă©tranger » le musulman, le rĂ©fugiĂ©, l’arabe, car pris par la peur, nous les confondons parfois tous
 et si peu l’escroc en cravate qui s’engraisse de l’exploitation des plus pauvres ? Ils sont Ă©lus, occupent les plus nobles fonctions et malgrĂ© les mises en examen, les accusations de viol et les fraudes, ils continuent de nous diriger ?La tragĂ©die des en MĂ©diterranĂ©e ne nous empĂȘche guĂšre de dormir car nous n’accordons pas Ă  ces populations un statut similaire au nĂŽtre. Ils ne sont pas de notre culture. Ils sont diffĂ©rents. Nous sommes indiffĂ©rents. Le processus de dĂ©shumanisation est Ă  l’Ɠuvre. Le radeau de la mĂ©duse selon Banksy Quand est-ce que cela commence ?/ Lorsque les mots deviennent plus durs ?/ Lorsqu’on commence Ă  parler de gangrĂšne »,/ De vermine »,/ De parasites »/ Et de nettoyage » ?/ Avec l’eugĂ©nisme ?/ Les stĂ©rilisations forcĂ©es ?/ La race doit ĂȘtre pure/ Et la main dĂ©jĂ  s’entraĂźne Ă  tuer. » C’est de l’Allemagne des annĂ©es 1930 dont Laurent GaudĂ© nous parle dans ces vers. Pas de l’Europe du XXIe siĂšcle ! Et pourtant, quelles rĂ©sonnances avec aujourd’hui
L’Europe ? Nous n’y croyons plus. Nous nous replions sur nous-mĂȘmes. Il est devenu dur de se projeter. Tellement de choses Ă  penser. Nuques courbĂ©es par le manque d’espoir. Comme s’il n’y avait rien Ă  faire. Comme si le capitalisme, l’oppression et la guerre Ă©taient les fondements inĂ©luctables de nos vies terrorisĂ©es. Le coronavirus, en ce sens, n’a rien arrangĂ©. Il faut ĂȘtre rĂ©aliste », entend-on souvent. Mais qu’est-ce que cela veut dire, ĂȘtre rĂ©aliste ? Ne plus rĂȘver Ă  mieux ? Ne plus ĂȘtre en colĂšre, ne plus se soulever ?Le livre de GaudĂ© rĂ©veille. Il raconte bien comment l’hyper-compĂ©titivitĂ© et le capitalisme nĂ©o-libĂ©ral essorent les hommes, les femmes et la terre. Si nous ne faisons rien, ce sera, inĂ©vitablement, la fin des ressources, l’explosion des inĂ©galitĂ©s, la guerre. Et l’on veut nous faire croire que le flĂ©au c’est l’étranger » ?Une Europe des LumiĂšres est-elle encore possible ?Macron et ses marcheurs sont pro-europĂ©ens. Mais de quelle Europe parlons-nous ? Un territoire de cinq cents millions d’habitants,/ Qui a dĂ©cidĂ© d’abolir la peine de mort,/ De dĂ©fendre les libertĂ©s individuelles,/ De proclamer le droit d’aimer qui nous voulons,/ Libre de croire ou de ne pas croire./ Nous sommes humanistes et cela doit s’entendre dans nos choix. » C’est cela. Je suis prof. Je suis française et europĂ©enne. C’est l’idĂ©al que je m’applique Ă  a en elle la puissance de porter un projet d’avenir pĂ©renne, Ă©cologique, soutenu par une Ă©conomie mesurĂ©e. Elle n’aura de sens que si elle prend soin de/ ceux qui s’usent. » Exit l’idĂ©ologie de la domination ! Et pourtant, qu’a-t-on entendu rĂ©cemment ? L’UE, Ă  la traĂźne en matiĂšre de technologies numĂ©riques, doit affirmer son leadership sur le marchĂ© de la 
 6G [3] ! Toujours plus vite ! Plus fort ! Soyons les meilleurs ! Les premiers ! Elle a la vie dure, cette ritournelle
 Ils sont dĂ©jĂ  en retard, ceux qui rĂąlent contre la 5G !Mediapart nous annonçait le 12 octobre qu’une majoritĂ© d’eurodĂ©putĂ©s rĂ©clamait une taxe sur les transactions financiĂšres Ă  partir de 2024 afin de financer la relance et des mesures du Green Deal. Bonne nouvelle ? Ce le serait, si Bercy n’y opposait pas[4] !Les LumiĂšres, ce ne sont pas les innovations » technologiques Ă  tout prix ! Et le prix s’annonce corsĂ©. Les LumiĂšres sont aux antipodes de l’idĂ©ologie de la concurrence et de la domination. Nous avons toute une littĂ©rature Ă  mĂȘme de le prouver, pour qui souhaiterait se rĂ©clamer de Diderot ou Montesquieu
 Pendant ce temps, les migrants meurent par milliers en MĂ©diterranĂ©e, et nous n’en voulons pas. Pourquoi sommes-nous si peureux ?/ Nous sommes cinq cent millions d’EuropĂ©ens,/ Et jamais ce nombre ne semble nous confĂ©rer de force ?/ Sommes-nous si fragiles ?/ Pour nous rassurer, nous n’avons qu’à plonger notre regard dans celui des rĂ©fugiĂ©s./ L’Europe dans leurs yeux est une terre puissante/ Qui protĂšge,/ Et offre la promesse d’une vie choisie. »Nous avons besoin d’ĂȘtre humanistes. Craindre l’autre alimente la montĂ©e des fascismes et de la tyrannie. De lĂ  surgit la vraie barbarie. L’histoire de l’Europe nous l’a amplement prĂ©fĂšre alors Ă©couter la voix de Laurent GaudĂ©. Il faut Ă  l’Europe l’élan des peuples » pour se tenir droite et digne. C’est de l’utopie » entendra-t-on dire. Mais pourquoi l’utopie a-t-elle si mauvaise presse ? Pourquoi ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ© ?Les voix qui luttaient hier, Hugo, Garibaldi, se font toujours entendre aujourd’hui. Des journalistes indĂ©pendants, des Ă©cologistes, des agriculteurs, des jeunes, des artistes, des humanitaires, bien d’autres encore, tous Ă  leur façon rĂ©volutionnaires, luttent pour un monde meilleur, partout en Europe et au-delĂ  des frontiĂšres[5]. Un monde meilleur
Et soudain je me rends compte que l’auteur de Nous l’Europe, banquet des peuples, vient de faire une chose incroyable me mettre en colĂšre, me passionner. Rouvrir mon horizon. Il faut le lire. Que l’ardeur revienne./ Que l’Europe s’anime,/ Change,/ Et soit,/ À nouveau,/ Pour le monde entier,/ Le visage lumineux/ De l’audace,/ De l’esprit,/ Et de la libertĂ©. »N’est-ce pas cela, la vĂ©ritable essence des LumiĂšres ? Pour qu’un jour, – rĂȘvons encore! - nous puissions nous asseoir Ă  ce banquet des peuples, sous un ciel Ă©toilĂ©, comme aimait Ă  le faire un certain village d’irrĂ©ductibles Gaulois.[1] On peut lire, Ă  ce sujet, l’article de Denise Jodelet, Dynamiques sociales et formes de la peur », sur les mĂ©canismes de la peur et son instrumentalisation dans le discours mĂ©diatique et politique Voir et Je pense par exemple au navire de Banksy, le Louise Michel, dirigĂ© par la capitaine allemande Pia Klemp, parti en aoĂ»t dernier des cĂŽtes espagnoles afin d’aller secourir les migrants en MĂ©diterranĂ©e. NOUS L’EUROPE, BANQUET DES PEUPLES – Laurent GaudĂ© Nous l’Europe : banquet des peuples, est un recueil de poĂšmes publiĂ© en 2019. Cet ouvrage est un plaidoyer pour l’idĂ©e d’Europe et la construction politique qui en dĂ©coule. EDITO Janvier 2022 suite Galin Stoev, par sa mise en scĂšne inspirĂ©e de La Double inconstance, montrait encore une fois l’actualitĂ© du texte de Marivaux. Le sentiment amoureux devenait un sujet d’expĂ©rimentation humaine entre les mains de puissants pervers. La scĂ©nographie Ă©tonnante, conçue par Alban Ho Van, dressait les contours d’un monde perverti oĂč le sujet, animĂ© par un amour vrai, devenait le cobaye d’une expĂ©rience cynique. DĂ©programmĂ© Ă  deux reprises en raison du Covid, le spectacle reprend sa route avec une distribution renouvelĂ©e. Interview de Galin Stoev Ă  retrouver ici. L’annĂ©e 2022 commence par un petit coup de pouce Ă  une jeune compagnie You’ll Never Walk Alone. Son spectacle France, prĂ©sentĂ© dans le cadre de la 5Ăšme Ă©dition du Festival Traits d’Union, dĂ©diĂ© Ă  la jeune crĂ©ation, fait revivre l’aventure Ă©pique de la coupe du monde de football de 1998. Natacha Steck, la metteuse en scĂšne, revendique, Ă  travers la trace laissĂ©e par cet Ă©vĂ©nement fĂ©dĂ©rateur et joyeux, une dĂ©marche collective au service de l’espoir et de la lumiĂšre. Pour elle, il est important de ne pas laisser le mot France » au Front National. Interview de Natacha Steck Ă  retrouver ici. Interview de Hugo Seksig Garcia un des acteurs de l’équipe Ă  retrouver ici. Enfin, la crĂ©ation La RĂ©ponse des hommes de Tiphaine Raffier est bien une des rĂ©ussites de la rentrĂ©e. Comme un miroir tendu vers notre humanitĂ©, le spectacle questionne notre propension Ă  la bontĂ©, au sacrifice, et notre capacitĂ© aux petits arrangements avec la morale. Interview de Tiphaine Raffier Ă  retrouver ici. Revenir au dĂ©but le l’article
LEurope, plus que jamais malmenĂ©e, soumise aux critiques, rongĂ©e par les nationalismes, semble ne plus faire rĂȘver. L’écrivain Laurent GaudĂ© Ă©met l’hypothĂšse que le dĂ©sir s’est Ă©teint parce que le rĂ©cit
Nous, l'Europe. Banquet des peuplesL'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasmes, de dĂ©faites et d'espoirs. A l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu'une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d'avenir. C'est donc d'une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©.
Nous l’Europe, Banquet des peuples, spectacle polyphonique, fait du public une assemblĂ©e de poĂštes-citoyens, acteurs d’un changement. Une mosaĂŻque de langues pour une Europe plurielle, oĂč l’art fortifie le politique, avec le vƓu que celui-ci considĂšre l’existence de chacun. A chaque soirĂ©e une personnalitĂ© est invitĂ©e Ă  venir dialoguer avec les acteurs.
€ € AdresseTHEATRE DE L'ATELIER 1 Place Charles Dullin PARIS 18 75018 ArtistesRoland Auzet, Karina Beuthe, Agathe BioulĂšs , Robert Bouvier, Nina Dipla , Rodrigo Ferreira, Laurent GaudĂ©, Yasin Houicha, Dagmara Mrowiec-Matuszak, , Stanislas Roquette, ArtĂ©mis Stavridi, Thibault Vinçon Dates07/05/2022 2000 11/05/2022 2000 12/05/2022 2000 13/05/2022 2000 14/05/2022 2000 15/05/2022 1500 18/05/2022 2000 19/05/2022 2000 20/05/2022 2000 21/05/2022 2000 22/05/2022 1500 25/05/2022 2000 26/05/2022 2000 27/05/2022 2000 28/05/2022 2000 29/05/2022 1500 ParisThéùtre Du 07/05/2022 Ă  2000 au 29/05/2022 Ă  1500NOUS L'EUROPE, BANQUET DES PEUPLES de Laurent GaudĂ© Conception, musique et mise en scĂšne Roland Auzet Avec Karina Beuthe Orr, Robert Bouvier, Nina Dipla / Artemis Stavridi, Rodrigo Ferreira, Yasin Houicha, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Stanislas Roquette, Thibault Vinçon, la NĂ©buleuse d'HIMA Faustine Berardo, Bro'Lee, Maxime Pillard & un ch ur prĂ©paration et cheffe de ch ur Agathe BioulĂšs CrĂ©ation Festival d'Avignon IN 2019, production dĂ©lĂ©guĂ©e l'Archipel, scĂšne nationale de Perpignan L'Europe c'est une gĂ©ographie qui veut devenir philosophie. Un passĂ© qui veut devenir boussole ». Laurent GaudĂ© Nous, l'Europe, Banquet des Peuples est une piĂšce de théùtre musicale nĂ©e d'une collaboration entre l'Ă©criture de Laurent GaudĂ© Prix Goncourt 2004 et la mise en scĂšne de Roland Auzet. Créée Ă  l'occasion du Festival d'Avignon en 2019, elle est aujourd'hui sous le patronage de la Commission EuropĂ©enne et labellisĂ©e PFUE2022. Vaste fresque historique et politique, ce banquet festif rĂ©unit douze acteurs, chanteurs et performeurs venus de toute l'Europe. De Grands TĂ©moins seront invitĂ©s afin de partager leur vision de l'Europe. ScĂ©nographie Roland Auzet, Bernard Revel et Juliette Seigneur CrĂ©ation et rĂ©gie lumiĂšre Bernard Revel CrĂ©ation vidĂ©o Pierre Laniel Musiques Ă©lectroniques Daniele Guaschino Chansons composĂ©es et interprĂ©tĂ©es par La NĂ©buleuse d'HIMA Collaboration artistique Carmen Jolin Costumes Mireille Dessingy Assistant Ă  la mise en scĂšne et surtitreur Victor Pavel RĂ©gie gĂ©nĂ©rale SĂ©verine Combes RĂ©gie son Julien Pittet RĂ©gie vidĂ©o Justin Artigues Critiques Presse Laurent GaudĂ© rallume la flamme de l'Europe ! » Le Temps Une mise en scĂšne ample, gĂ©nĂ©reuse, sophistiquĂ©e sans ĂȘtre prĂ©tentieuse [ ] et on a rarement vu, ou plutĂŽt entendu, une polyphonie aussi maitrisĂ©e, entre la parole, forte, portĂ©e par les comĂ©diens, dans toutes les langues europĂ©ennes, la musique, du chant de choral cĂ©leste au rock mĂ©tal ou Ă  la brutale pop, et le son sous toutes ses formes. » Le Monde L'Ă©crivain Laurent GaudĂ© et le metteur en scĂšne Roland Auzet unissent leur force pour redonner le goĂ»t de l'Europe dans un spectacle musical revigorant. C'est l'une des rĂ©ussites les plus enthousiasmantes de ce dĂ©but de Festival d'Avignon. » La Croix Un spectacle puissant et festif, un poĂšme chantant aussi bien les convulsions que les trouĂ©es de lumiĂšres du rĂ©cit de l'Europe. » La DĂ©pĂȘche du Midi Créée au Festival d'Avignon l'Ă©tĂ© dernier, Nous, l'Europe, Banquet des peuples avait fait sensation. À raison. La mise en scĂšne de Roland Auzet du texte de Laurent GaudĂ© est spectaculaire. » La Nouvelle RĂ©publique Lacolonisation baigne ici dans un halo romantique, utopique, qui promet Ă  l’Europe, et Ă  la France en particulier, des territoires oĂč ces peuples seront Ă  mĂȘme de donner toute la mesure de leur avance civilisationnelle : « Prenez [l’Afrique], non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; L’une des crĂ©ations les plus attendues de ce Festival d’Avignon 2019 Ă©tait Nous, l’Europe, Banquet des Nations, spectacle prĂ©sentĂ© dans la Cour du LycĂ©e Saint-Joseph. Alors que dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes Pascal Rambert et ses acteurs soulevaient la question du nationalisme Ă  travers le portrait d’une famille d’artistes de la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale Ă  celle de la Seconde, Laurent GaudĂ© et Roland Auzet choisissent de traiter la mĂȘme problĂ©matique Ă  l’échelle europĂ©enne et non intime, avec des comĂ©diens de toute nationalitĂ©s. Ces spectacles sont comme l’envers l’un de l’autre, leurs dĂ©fauts et leurs qualitĂ©s paraissant symĂ©triquement opposĂ©s si l’on en croit les retours qui ont entourĂ© l’accueil d’Architecture. Alors que la derniĂšre Ɠuvre de Rambert est taxĂ©e d’ĂȘtre bavarde mais que le jeu de ses acteurs est chaque fois louĂ©, la langue de GaudĂ© se distingue Ă  nouveau par sa beautĂ© et sa justesse, au point presque de menacer toute possibilitĂ© de jeu pour les acteurs. Le 13 juillet au soir, le mistral souffle et fait s’envoler les matelas posĂ©s avec la rĂ©gularitĂ© des croix dans les cimetiĂšres normands. Les rĂ©gisseurs qui viennent chaque fois les replacer ne rĂ©ussissent pas Ă  les discipliner, et les matelas continueront de se dĂ©placer mĂȘme une fois le spectacle commencĂ©. Les acteurs, les chanteurs et le musicien qui s’installe Ă  jardin derriĂšre sa batterie finissent nĂ©anmoins par arriver et occuper cet espace d’emblĂ©e troublĂ©, et crĂ©ent aussitĂŽt un effet de masse. Ils sont en effet 11 comĂ©diens, un chƓur, une maĂźtrise, et un autre chƓur de chanteurs amateurs. Toutes les couleurs qu’ils portent, les styles d’habits qu’ils affichent et les Ăąges qu’ils laissent deviner donnent Ă  voir une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© authentique. Pas un melting pot stylisĂ©, faux, mais bel et bien un Ă©chantillon, dont on ne sait pas exactement encore ce qu’il reprĂ©sente Ă  part nous-mĂȘmes. Quand commencent Ă  parler les acteurs, cette diversitĂ© qui coexiste sur le plateau se confirme. Ils parlent français, anglais, polonais, espagnol, italien, arabe, portugais
 bref une bonne partie des langues qui se parlent aujourd’hui en Europe. Micro HF Ă  la joue, les acteurs s’attaquent Ă  elle et la questionnent commençant par l’épisode le plus critique, ou du moins le plus actuel le Brexit, jamais nommĂ©, nĂ© d’un Non retentissant qui n’a toujours pas Ă©tĂ© actĂ©, que les autoritĂ©s en charge tentent de transformer en Oui, comme si le Non n’avait pas Ă©tĂ© entendu, ne convenait, n’avait Ă©tĂ© que la consĂ©quence d’une menace que l’on n’ose pas exĂ©cuter. C’est Emmanuel Schwartz qui soulĂšve les contradictions de cette situation, et Ă©pice d’une touche de comique son absurditĂ© par le sel de sa personnalitĂ©. AprĂšs lui, Thibault Vinçon prend la parole et demande aux autres d’oĂč ils se sentent, et les amĂšne Ă  dĂ©cliner les cercles concentriques de la gĂ©ographie qui les dĂ©finit. Ainsi commence le long poĂšme » de Laurent GaudĂ©, dĂ©signĂ© ainsi par l’auteur et le metteur en scĂšne alors que le titre du spectacle Ă©voque le genre du banquet, repas d’apparat mais aussi discussion Ă  teneur philosophique dans la lignĂ©e de Platon. Le mot poĂšme met pluĂŽtt l’accent sur la qualitĂ© de la langue de GaudĂ©, une langue Ă  part, Ă  la fois prĂ©cisĂ©ment Ă©crite et en mĂȘme temps intrinsĂšquement orale, qui appelle la mise en voix mais qui ne peut ĂȘtre articulĂ©e que de biais, entre le public, avec le soutien d’un micro, et les partenaires qui occupent le plateau, qui ne sont pas vraiment des interlocuteurs, encore moins des personnages, Ă  peine des supports de cette parole qui se tient toute seule. Ce poĂšme donc, est scandĂ© par le chant – les choristes de l’OpĂ©ra du Grand Avignon restent tout au long du spectacle sur les cĂŽtĂ©s de la scĂšne quand ils ne viennent pas ponctuellement recrĂ©er l’effet de masse initial – et par des intertitres projetĂ©s sur le panneau qui sert de fond, qui mettent en Ă©vidence la trajectoire historique suivie. Depuis le Brexit, les acteurs se mettent en quĂȘte du dĂ©but de l’Europe, de l’idĂ©e d’Europe aujourd’hui nommĂ©e Union EuropĂ©enne. On pense aussitĂŽt Ă  l’aprĂšs-Seconde Guerre mondiale, mais GaudĂ© remonte plus loin, en 1848. Il voit dans le Printemps des peuples », les rĂ©volutions qui agitent en mĂȘme temps la France, l’Allemagne, l’Italie, la Hongrie, la Pologne et l’Autriche, les revendications similaires des travailleurs de pays diffĂ©rents, la naissance d’une conscience transfrontaliĂšre. Ceci posĂ©, il remonte encore le temps et propose Ă©galement 1830, l’invention du chemin de fer, qui raccourcit les distances, fait gagner du temps, accĂ©lĂšre l’industrialisation et envahit bientĂŽt toute l’Europe jusqu’à la constituer en rĂ©seau. DostoĂŻevski, qui voyait dans cette invention une menace pour la civilisation russe, l’étoile absinthe » de l’apocalypse que promet d’ĂȘtre le XXe siĂšcle, aurait approuvĂ© ce point de dĂ©part – mais pour dĂ©plorer la suite. GaudĂ©, lui, s’en sert pour rejoindre le prĂ©sent de guerre en crise. Il Ă©voque la colonisation, le moment oĂč les pays riches se sont mis d’accord pour se disputer la part du gĂąteau africain se posant comme seule rĂšgle de respecter les limites d’une autre influence », oĂč l’exploitation s’est substituĂ©e Ă  l’esclavage, oĂč le Congo est devenu la propriĂ©tĂ© privĂ©e du roi des belges. Puis la montĂ©e du nationalisme Ă  la veille des deux Guerres mondiales, la CommunautĂ© du Fer et de l’Acier, la Guerre froide, la guerre de Bosnie, et ainsi jusqu’aux crises migratoires d’aujourd’hui. Mais GaudĂ© ne rappelle pas ces drames de l’histoire pour critiquer l’Europe. Il veut au contraire rappeler l’utopie qu’elle a Ă©tĂ©, les principes qui l’ont fondĂ©e, ses valeurs d’origine qui sont indiscutables la libertĂ© d’expression, l’égalitĂ©, l’abolition de la peine de mort, imposĂ©s comme prĂ©alables Ă  la mise en place de la libre circulation et de la coopĂ©ration Ă©conomique. Pour ancrer le propos de GaudĂ©, le metteur en scĂšne Roland Auzet a choisi d’inviter chaque soir une personnalitĂ© diffĂ©rente qui a jouĂ© un rĂŽle dans le maintien et la dĂ©fense de l’Union EuropĂ©enne. Le 13 juillet, l’invitĂ© d’honneur Ă©tait Eneko Landabaru, qui a fait partie de la Commission europĂ©enne, notamment en tant que Directeur gĂ©nĂ©ral de la Politique rĂ©gionale et de cohĂ©sion de la CommunautĂ©, et qui est aujourd’hui dĂ©putĂ© du Parlement basque. L’écartĂšlement dans lequel ses fonctions l’ont pris entre la dĂ©fense de l’Europe et celle de l’identitĂ© basque en dit long sur sa vision de l’Europe, non pas comme uniformisation des diffĂ©rences mais coexistence des richesses culturelles. Quand Eneko Landabaru monte sur scĂšne et prend le micro qu’on lui tend, ce qui distingue une prise de parole artistique d’une prise de parole politique saute aux yeux. Sa façon de parler, de se tenir sur scĂšne, sont bien celles d’un homme politique. NĂ©anmoins, il n’est pas ici pour ĂȘtre jugĂ©, critiquĂ©, pointĂ© du doigt, mais au contraire accueilli comme un expert de la question, aussi porteur de rĂȘves et de regrets. Le plus grand regret qu’il avoue rĂ©sonne avec force il est celui d’avoir fondĂ© l’Europe sur des principes avant tout Ă©conomiques, alors que d’autres choses auraient pu constituer un ferment plus sĂ»r pour l’Union. D’autres choses comme la culture. Le projet de GaudĂ© et Roland Auzet est justement de remĂ©dier Ă  ce manque. Dans les notes d’intentions et entretiens qui entourent le spectacle, ils disent en effet cette ambition dĂ©mesurĂ©e de construire le rĂ©cit europĂ©en », de rĂ©pondre au besoin de rĂ©cit capable de fonder le sentiment d’appartenance qui selon eux fait aujourd’hui dĂ©faut Ă  l’Europe – besoin de rĂ©cit qui transparaĂźt Ă  chaque page du vaste catalogue du Festival Off
 Pour construire ce rĂ©cit, ils Ă©crivent donc ensemble une histoire europĂ©enne qui se dit en plusieurs langues, en musique et en chant, et avec un peu de danse grĂące Ă  Artemis Stavridi, trop peu mise Ă  contribution. Ce qui est dommage dans ce vaste projet théùtral, c’est qu’il manque de théùtre justement, de corps et d’images créées dans le temps unique de la reprĂ©sentation, qui pourraient servir de base Ă  une sensibilitĂ© commune. Celles qui sont esquissĂ©es manquent de puissance, ne sont pas Ă  la hauteur des mots de GaudĂ©, qui touchent profondĂ©ment quoique trop rapidement dans le flux du spectacle, de sa langue douĂ©e de formules qui loin de simplifier placent au cƓur des contradictions et mettent sur la voie de la complexitĂ© de l’histoire et du prĂ©sent. Se fiant au texte de GaudĂ©, bien structurĂ©, bien rythmĂ©, parfois imprĂ©visible alors qu’il paraĂźt suivre le cours de l’histoire, qui se permet des dĂ©tours et des retours, Roland Auzet se donne en effet surtout pour tĂąche de diriger les comĂ©diens pour qu’ils s’emparent de ce poĂšme, qu’ils accompagnent de leur Ă©nergie cette langue Ă©pique. Ils y rĂ©ussissent et arrivent sans peine Ă  nous entraĂźner dans cette Ă©popĂ©e, sans que l’on sache bien jusqu’oĂč on ira comme ça. Car le problĂšme de ce voyage est bien de l’achever, de ramener Ă  l’actualitĂ©, de l’ouvrir au prĂ©sent. Alors que les chants du poĂšme de GaudĂ© disent Ă  tout instant que chaque Ă©tape de constitution de l’Europe a Ă©tĂ© plurivoque, polyphonique, complexe, que les diffĂ©rentes langues des acteurs et les bouts d’histoire qu’ils laissent entrevoir ont soulignĂ© la spĂ©cificitĂ© europĂ©enne, sa diversitĂ© qui est sa fragilitĂ© autant que sa force, le spectacle d’Auzet se termine littĂ©ralement Ă  l’unisson. Il se laisse sĂ©duire par la facilitĂ© du chant en chƓur, qui n’est plus remarquable par toutes les voix diffĂ©rentes qu’il fait entendre mais par l’effet galvanisant qu’il produit quand tout le monde chante les mĂȘmes notes en mĂȘme temps. Proposant de substituer Ă  l’Hymne Ă  la joie un peu plan-plan une chanson connue de tous dont la mĂ©lodie entĂȘtante devrait rĂ©ussir Ă  rĂ©insuffler Ă  tous les pays d’Europe, mais surtout Ă  tous les EuropĂ©ens, le mĂȘme Ă©lan qui manque aujourd’hui Ă  faire vivre l’utopie europĂ©enne, les acteurs invitent les spectateurs Ă  monter sur scĂšne et Ă  s’unir Ă  eux pour crĂ©er le mouvement dont l’Europe a besoin pour survivre. L’entreprise est sĂ©duisante, mais malgrĂ© ce que dit GaudĂ©, on a du mal Ă  croire qu’une chanson fera la diffĂ©rence, et on prend le risque de passer pour sceptique en n’adhĂ©rant pas pleinement, convaincus qu’au chant il aurait fallu prĂ©fĂ©rer des images et des corps plus prĂ©sents sur scĂšne, qui auraient pu prolonger la rĂ©flexion et lui donner le relief de la sensibilitĂ©. A dĂ©faut de cela, resteront de ce banquet les mots de GaudĂ© et la force avec laquelle les acteurs auront cherchĂ© Ă  les faire retentir dans le mistral. F. Pour en savoir plus sur Nous, l’Europe
 », rendez-vous sur le site du Festival d’Avignon. Nousl'Europe, banquet des peuples. L'Europe, plus que jamais malmenĂ©e, soumise aux critiques, rongĂ©e par les nationalismes, semble ne plus faire rĂȘver. L'Ă©crivain Laurent GaudĂ© Ă©met l'hypothĂšse que le dĂ©sir s'est Ă©teint parce que le rĂ©cit europĂ©en n'a pas Ă©tĂ© encore Ă©crit et que, sans histoire, point de communautĂ©. PubliĂ© le 27 avr. 2019 Ă  1300Mis Ă  jour le 29 avr. 2019 Ă  1814En ce mois d'Ă©lections europĂ©ennes, Nous, l'Europe » tombe Ă  point nommĂ©. A l'heure oĂč les dĂ©bats politiques s'enlisent dans des luttes politiciennes picrocholines, Ă  une Ă©poque oĂč l'Union n'est plus un idĂ©al Ă  chĂ©rir, mais, dans tous les discours, un bouc Ă©missaire Ă  rĂ©former, restructurer, voire annihiler, le geste littĂ©raire de Laurent GaudĂ© en revient aux fondamentaux, Ă  cette Ă©popĂ©e, sanglante, et Ă  cette utopie, rayonnante, dont l'Europe est la fille aĂźnĂ©e, et que les citoyens semblent avoir proche, dans sa forme, de De sang et de lumiĂšre » que de Salina » ou Ecoutez nos dĂ©faites », Nous, l'Europe » - sous-titrĂ© Banquet des peuples » - est un long poĂšme, un souffle littĂ©raire sur les braises de l'Histoire. Partis de la rĂ©volution sicilienne de 1848, une annĂ©e charniĂšre qui en connaĂźtra d'autres, les vers libres de Laurent GaudĂ© - que Roland Auzet portera Ă  la scĂšne lors du prochain Festival d'Avignon - Ă©grĂšnent, au long de quinze chapitres, ces Ă©vĂ©nements qui ont façonnĂ© l'Europe et ses peuples, de l'avĂšnement du chemin de fer au retour des survivants de la Shoah, en passant par la colonisation forcenĂ©e, les deux conflits mondiaux et les Ă©lans rĂ©volutionnaires qui ont, çà et lĂ , trahi les envies de libertĂ© des hommes et causĂ© la perte de leurs dirigeants, sombres ou communeJamais eurobĂ©at, tant s'en faut, l'Ă©crivain n'enjolive rien, mais prend une hauteur salutaire et met en perspective. Il porte la plume dans la plaie pour dĂ©crire les coups de gĂ©nie et les errements mortifĂšres, les tentatives de rĂ©conciliation et les pulsions de domination, et rĂ©vĂ©ler cet hĂ©ritage collectif, cette fondation commune, dont l'oubli menace aujourd'hui l'Ă©difice tout entier. Ce que nous partageons/C'est d'avoir traversĂ© le feu,/D'avoir Ă©tĂ©, chacun,/Bourreau et victime,/Jeunesse bĂąillonnĂ©e et mains couvertes de sang. »Avec sa plume ardente, souvent sans concessions, il n'adopte pas la posture de l'historien, mais celle du poĂšte qui, comme Mark Twain et Arthur Conan Doyle en leur temps, n'hĂ©site pas Ă  dĂ©noncer les bourreaux, de LĂ©opold II Ă  Lothar von Trotha, de Milosevic Ă  PĂ©tain, de Mussolini Ă  Hitler, sur les noms de qui il invite Ă  cracher ». Loin de livrer un simple exposĂ© factuel, dĂ©monstratif, il prĂ©fĂšre rĂ©injecter de la sĂšve, humaine, montrer que le rĂ©cit europĂ©en est une histoire de muscles, de verve, de ferveur, de colĂšre et de joies », comme il l'Ă©crit en prĂ©ambule, loin, trĂšs loin, de l'ennui dĂ©sabusĂ© » qu'elle suscite aujourd'hui. Il fallait bien cela pour tenter de rĂ©animer ce cadavre europĂ©en, dĂ©sormais Ă  la l'Europede Laurent GaudĂ©Actes Sud192 pages, 17,80 euros, sortie le 2 mai VincentBouquet Nous l’Europe, Banquet des peuples,c’est en somme un spectacle politique, musi- cal, visuel, Ă©pique, donnĂ© en outre dans un lieu qui joue du gigantesque, la cour du lycĂ©e Saint Joseph Avignon. Cela n’est pas sans rappeler le spectacle que devait ĂȘtre la tragĂ©die antique. Ajoutons la prĂ©sence du chƓur, d’un coryphĂ©e et de musi- ciens.
L’Europe fut au cƓur de nombreux spectacles du Festival d’Avignon 2019 aussi bien dans la programmation du In que dans celle du Off, Ă  travers des spectacles dont le trĂšs attendu Nous l’Europe. Banquet des peuples, interrogeant directement l’histoire de la construction europĂ©enne, ainsi que son fonctionnement actuel, mais aussi via la thĂ©matique de l’OdyssĂ©e retenue cette annĂ©e dans le In, multipliant les questionnements sur l’exil et les migrations. Mettre l’Europe en scĂšne, comment voulez-vous intĂ©resser le spectateur avec un tel sujet ? », s’interrogent plusieurs des six comĂ©diens europĂ©ens dans Nous, le peuple europĂ©en, six personnages en quĂȘte d’Europe qui se jouait dans le off, mettant en scĂšne de jeunes citoyens europĂ©ens dĂ©sireux de voir l’Union europĂ©enne rĂ©pondre aux grands dĂ©fis du XXIe siĂšcle1. C’est la mĂȘme question qu’aurait pu se poser Roland Auzet en voulant adapter l’essai de Laurent GaudĂ©, Nous l’Europe. Banquet des peuples, l’auteur prolixe de romans et théùtre, ayant optĂ© pour une fois pour un court rĂ©cit poĂ©tique narratif en vers libres, considĂ©rant que le rĂȘve europĂ©en a besoin de dĂ©sir » et qu’il mourra s’il n’est plus qu’une liste sĂšche de lĂ©gislations, de normes et d’échanges commerciaux ». Il faut souligner qu’il ne s’agit pas d’un essai opportuniste, car ce n’est pas la premiĂšre fois que l’auteur s’intĂ©resse aux questions europĂ©ennes, notamment Ă  celles relatives Ă  la gestion des frontiĂšres et ses consĂ©quences effroyables en mer MĂ©diterranĂ©e2. Que l’Europe ait besoin d’un rĂ©cit aux deux sens du terme ne fait pas de doute et le rĂ©cit littĂ©raire est incontestablement rĂ©ussi. DĂšs la premiĂšre phrase de son ouvrage, l’auteur part du constat que l’Europe semble avoir oubliĂ© qu’elle est la fille de l’épopĂ©e et de l’utopie » et qu’elle s’assĂšche de ne pas parvenir Ă  la rappeler Ă  ses citoyens » car trop lointaine, dĂ©sincarnĂ©e, elle ne suscite souvent plus qu’un ennui dĂ©sabusĂ© »3. S’ensuivent des interrogations sur notre identitĂ©, notre passĂ©, les contradictions de ce continent qui a inventĂ© des cauchemars », mais a aussi fait naĂźtre des lumiĂšres qui ont Ă©clairĂ© le monde entier », et l’expĂ©rience douloureuse de la frontiĂšre ». Curieusement, il est fait rĂ©fĂ©rence s’agissant du bilan de cette aventure politique » Ă  27 nations et non 28, comme si le Royaume-Uni avait dĂ©jĂ  quittĂ© l’Union europĂ©enne, anticipation peut-ĂȘtre pour ne pas prendre le risque de publier un texte rapidement datĂ© par rapport Ă  l’échĂ©ance du Brexit initialement prĂ©vue. Laurent GaudĂ© revient longuement sur la construction historique des États europĂ©ens et condamne tous les responsables des catastrophes diverses en invitant le lecteur Ă  cracher » sur leurs noms, ce qui sera repris avec emphase dans l’adaptation théùtrale, puis – contrairement Ă  ce que l’on aurait pu supposer – livre plus rapidement sa vision de l’Europe en tant que construction juridique, ses attentes déçues, mais aussi sa foi dans cette grande aventure. Raconter notre Ă©popĂ©e commune et le faire avec passion »4 est une recommandation certainement retenue comme point de dĂ©part par Roland AuzĂ©, qui avait dĂ©jĂ  adaptĂ© l’un des textes de théùtre Mille orphelins de Laurent GaudĂ©. NĂ©anmoins, l’adaptation théùtrale est d’emblĂ©e plus ambiguĂ«. Elle dĂ©marre avec la prĂ©sence des 11 acteurs et musiciens sur le plateau et de la cinquantaine de choristes de la maĂźtrise de l’OpĂ©ra Grand Avignon et d’amateurs, des matelas gris au sol, qui serviront de lieux de chute et d’amoncellement notamment contre un Ă©cran gĂ©ant d’abord en fond de scĂšne, puis qui avance menaçant et se dĂ©portant latĂ©ralement pour laisser place Ă  l’explosion des sons et de la colĂšre d’une batterie Vincent Kreydder et guitare Ă©lectrique Karoline Rose furieuses livrant certains intermĂšdes dignes d’un concert de mĂ©tal et investissant superbement l’immense espace scĂ©nique de la cour du lycĂ©e Saint-Joseph. L’un des principaux et Ă©poustouflants comĂ©diens, Emmanuel Schwartz, nous invective en guise de prologue ou de chapitre introductif inĂ©dit On avait dit non ! 
 On nous a posĂ© la question oui ou non ? 
 En fait, pour ou contre. 
 On a dit non et on a fait en sorte que ce soit oui ». En quelques minutes sur ce registre, le public comprend bien entendu qu’il s’agit du rĂ©fĂ©rendum de mai 2005 sur la constitution pour l’Europe dont le rĂ©sultat a Ă©tĂ© contournĂ© par le traitĂ© de Lisbonne de 2007, et il approuve l’arrogance et le mĂ©pris qu’aurait eu l’Europe dans cet escamotage de la voie des urnes », qui lui est théùtralement offerte sur un plateau
 Cette adresse trĂšs dĂ©magogique au peuple-spectateur en ces temps de remise en cause de l’Union europĂ©enne, transforme la noble passion en haine dont elle est toujours si voisine. Le propos de Laurent GaudĂ© Ă©vitait ce glissement fĂącheux, en Ă©tant plus fin et plus proche des rĂ©flexions menĂ©es dans les cercles et supports de rĂ©flexion politique et juridique qui ne mĂ©nagent pas l’analyse critique5, mais sans l’orienter de maniĂšre Ă  flatter les populismes. Durant l’heure et demie suivante, le texte est en revanche suivi presque Ă  la lettre, de la constitution des Nations Ă  partir de la rĂ©volte de Palerme de 1848 au plus jamais çà » en passant par la colonisation et le passeport Nansen, Ă©tapes ponctuĂ©es par la voix magique du contre-tĂ©nor Rodrigo Ferreira et d’un chƓur au sens musical et au sens du théùtre antique, qui ajoutent au lyrisme de l’écrit, dont certains extraits sont projetĂ©s sur un Ă©cran mobile quand ils sont prononcĂ©s par les comĂ©diens coryphĂ©es » dans d’autres langues que le français. Il y a Ă©galement quelques ajouts, en particulier les interrogatoires rĂ©currents relatifs Ă  la procĂ©dure d’asile. Le spectacle bascule quand montent du premier rang des spectateurs, les grands tĂ©moins » du soir, car Roland AuzĂ© a envisagĂ© en intermĂšde la participation de personnalitĂ©s politiques ou hauts fonctionnaires de la construction europĂ©enne, comme François Hollande le 6 juillet, soir de la crĂ©ation de la piĂšce, ou Pascal Lamy et GeneviĂšve Pons le 9 juillet, qui sont interrogĂ©s par les comĂ©diens eux-mĂȘmes sur leur vision de l’Europe qui est, par exemple pour l’ancien commissaire europĂ©en et directeur de l’OMC, l’endroit le plus civilisĂ© au monde », celui oĂč il y a de la libertĂ© et de la solidaritĂ© », et la meilleure protection des donnĂ©es » et oĂč il fait bon vivre »  L’on peut lĂ©gitimement s’interroger sur le sens de telles interventions qui dĂ©stabilisent nĂ©cessairement les spectateurs, aussi bien ceux qui se sentaient flattĂ©s par le point de dĂ©part du spectacle que les europĂ©anistes les plus convaincus, les uns et les autres Ă©tonnĂ©s de cette percĂ©e du politiquement correct, de la mise en valeur de ce qui Ă©tait artistiquement dĂ©noncĂ©, Ă  tort ou Ă  raison, l’heure prĂ©cĂ©dente et qui sur le plan dramaturgique casse complĂštement le dĂ©roulĂ© et l’esthĂ©tique du spectacle. Un spectateur exaspĂ©rĂ© s’est en outre permis d’interpeller Pascal Lamy sur son inaction en matiĂšre de politique sociale, aprĂšs que ce dernier a rĂ©pondu que son seul regret personnel Ă©tait de ne pas avoir portĂ© assez d’attention au volet culturel
 À la suite de cette intervention spontanĂ©e copieusement applaudie, le spectacle a repris tant bien que mal, mais la magie a disparu. L’hymne de la neuviĂšme symphonie de Beethoven est remplacĂ© par le chant rĂ©sistant Bella Ciao et, quelques scĂšnes plus tard, le plateau en liesse invite les spectateurs Ă  rejoindre les comĂ©diens sur scĂšne pour danser et chanter sur Hey Jude des Beatles et ainsi concrĂ©tiser l’idĂ©e du ĂȘtre-ensemble »  C’est donc cela le banquet des peuples ? Nous l’Europe. Banquet des peuples de Laurent GaudĂ©, mis en scĂšne par Roland Auzet DR
Point sur les engagements et rĂšgles de fonctionnement du groupe ; rappel des objectifs et des productions attendues ; - Explicitation des termes de la thĂ©matique retenue pour la France : Peuples premiers et impacts de la technologie ; - ActivitĂ© : Etude d’un artile de presse + Proposition de rĂ©dation d’un artile de la DĂ©claration ;

Du 6 au 14 juillet, Ă  22 heuresCour du LycĂ©e Saint-Joseph, 62 rue des Lices, 84000 Avignon Nous, l’Europe, Banquet des peuples © Christophe Raynaud de Lage ***Libre Théùtre vous recommande ce spectacle Comment un non » a Ă©tĂ© transformĂ© en oui » par de petits arrangements d’arriĂšre-cour ? Pourquoi nous autres, EuropĂ©ens, sommes-nous une foule plutĂŽt qu’un peuple ? L’Europe est nĂ©e de drames que l’on a voulu dĂ©dramatiser. La prudence et l’ennui sont Ă  l’Ɠuvre. Laurent GaudĂ©, tel un aĂšde, nous conte l’odyssĂ©e de la construction europĂ©enne afin que notre passĂ© devienne notre boussole, que nous construisions ensemble ce que nous voulons ĂȘtre, que nous retrouvions un langage commun, une Ă©thique propre. Il cherche d’abord l’origine de l’Europe. Et dire d’oĂč vient l’Europe n’est pas innocent naĂźt-elle en 1848 quand Palerme se soulĂšve, en 1830 avec le dĂ©but de la rĂ©volution industrielle ? La superbe mise en scĂšne de Roland Auzet, qui signe aussi la partition musicale, donne corps au poĂšme de Laurent GaudĂ© avec onze comĂ©diens, danseurs et chanteurs de nationalitĂ©s diffĂ©rentes, onze voix europĂ©ennes incarnant les protagonistes de ce rĂ©cit des origines. Comme dans les tragĂ©dies antiques, le ChƓur et la MaĂźtrise de l’OpĂ©ra du Grand Avignon donnent des respirations au spectacle, et commentent l’action, tout en symbolisant sa dimension collective et fraternelle. Et quand la rage est lĂ , quand sont Ă©voquĂ©s les cataclysmes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la naissance de cette belle idĂ©e, quand sont citĂ©s les noms de ceux qui ont pillĂ© l’Afrique ou dĂ©cidĂ© de la solution finale crachez sur leurs noms !», ces chƓurs font place aux hurlements d’une guitare et au tonnerre d’une batterie d’un duo de mĂ©tal en fusion, nĂ©cessaire exutoire pour Ă©vacuer la spectacle lyrique et politique de Ruth Martinez Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen FouĂ©rĂ©, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault VinçonEt le Choeur de l’OpĂ©ra Grand Avignon et quarante chanteurs amateurset chaque soir un grand tĂ©moin Susan George États-Unis / France,Ulrike GuĂ©rot Allemagne, François Hollande France, Pascal Lamy France, Eneko Landaburu Espagne, Enrico Letta Italie, Luuk van Middelaar Pays-Bas, GeneviĂšve Pons France Texte Laurent GaudĂ© Conception, musique, mise en scĂšne Roland AuzetScĂ©nographie Roland Auzet, Bernard Revel, Juliette Seigneur, Jean-Marc Beau LumiĂšre Bernard RevelChorĂ©graphie JoĂ«lle BouvierVidĂ©o Pierre Laniel Musiques Ă©lectroniques Daniele GuaschinoCostumes Mireille Dessingy Collaboration artistique Carmen JolinAssistanat mise en scĂšne Victor Pavel Lien vers le site du Festival d’Avignon

Europe Créé lors du Festival d’Avignon, Nous, l’Europe, banquet des peuples entame une longue tournĂ©e dans toute la France, avec une sĂ©rie au Théùtre GĂ©rard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis du 25 mars au 2 avril (Lire la critique de Juliette Nadal).
De Laurent GaudĂ© Conception et mise en scĂšne Roland Auzet compagnie ACTopus Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen FouĂ©rĂ©, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault Vinçon et un chƓur Production dĂ©lĂ©guĂ©e L’Archipel – scĂšne nationale de Perpignan TournĂ©e 2021 / 2022 les 16 et 17 dĂ©cembre 2021 OpĂ©ra de Limoges les 6 et 7 janvier 2022 Théùtres en DracĂ©nie, Draguignan du 12 au 16 janvier 2022 Théùtre GĂ©rard Philipe, CDN de Saint-Denis du 19 au 21 janvier 2022 La ComĂ©die de Clermont Ferrand le 4 fĂ©vrier 2022 Théùtre MoliĂšre SĂšte, scĂšne nationale archipel de Thau le 16 fĂ©vrier 2022 Konzert Theater, Berne, Suisse du 7 au 29 mai 2022 Théùtre de l’Atelier, Paris CQszY8J.